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Bienvenue

Sous le feuillage est un webzine spécialisé en littérature de jeunesse (mais vous y trouverez aussi de nombreux avis sur la littérature pour adultes) né en avril 2008. Pour vous parler de mes coups de coeur, partager ma passion pour cette littérature si vivante et productive. Il s'agit d'un blog à l'image de ma passion pour la littérature de jeunesse : simple, engagée, enthousiaste.
Pour découvrir, rêver, vibrer, s'évader et s'amuser...
Depuis 2014, en tant que maman, je vous parle de mes découvertes en matière de jeux, jouets, activités et loisirs créatifs que je partage avec mes fils.
Mes genres : fantasy/ fantastique, romance, young adult, thriller, historique et contemporain.

Merci à vous et bonne visite...

Max

10
Sarah Cohen-Scali

Gallimard Jeunesse
Collection Scripto
Paru en Mai 2012
480 pages
15,90 euros

Roman ados à partir de 13/14 ans
Thèmes : Nazisme, Allemagne, Reproduction, Histoire

Quatrième de couverture :  "19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.  Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !" Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich. Une fable historique fascinante et dérangeante qu'on ne peut pas lâcher.  Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne.


Le roman commence en 1936 à Steinhöring, en Bavière, dans un foyer du Programme "Lebenborn" dans lequel Max naît d'une jeune allemande. Initié par les services du Docteur Himmler, sous le joug du Reich Hitler, ce programme vise à reproduire la pureté de la race aryenne. Des femmes sont sélectionnées par les nazis, livrées à la prostitution et au marchandage de leur corps pour honorer Hitler et sa volonté de créer une race conquérante et glorieuse. Sur fond de propagande fanatique, Max raconte les rouages et les mécanismes de ce vaste chantier politique. 

Max veut naître le 20 avril, jour de l'anniversaire du Führer. Nourri par les idées racistes, anti-juives dès le ventre de sa mère, il veut être un prototype parfait de la jeunesse aryenne, destinée à glorifier l'Allemagne et à la régénérer. C'est ainsi que dès sa naissance, ce bébé grandit sans amour, sans affection, sans sa maman, sans son soutien et sa tendresse. Très vite, la maturité sinon la cruauté de Max, rebaptisé Konrad dépasse les limites de l'entendement, au point de devenir un enfant sans état d'âme, sans sens commun du bien et du mal, livré aux seuls critères d'éducation et physiques d'un "père" spirituel : Hitler. A l'âge de 4 ans, il est le chouchou du foyer et on lui confie des opérations spéciales : on l'utilise pour aider à kidnapper des enfants polonais et se fait passer pour l'un d'entre eux. C'est à l'âge de 6 ans qu'il rencontre Lukas, un jeune Juif polonais rebelle, dans une école où sont germanisés les enfants kidnappés. Se prenant d'amitié pour lui, les croyances de Max vont commencer à s'ébranler...

Max est un de ces romans coup de poing ou coup de fouet qui ne laisse pas indifférent tant la dose d'émotions est forte. Attention, coeurs sensibles s'abstenir ! A la lecture de ce roman, vous passerez par de multiples désordres émotionnels comme la révolte, la colère, l'indignation et pour cause le sujet mal connu, très peu évoqué voire pas du tout en roman adolescent est difficile. Au tout début du roman, le lecteur se sentira ahuri, déboussolé, percuté par les pensées d'un bébé qui n'est pas encore né. Les propos sont tellement durs qu'ils pourront paraître complètement surréalistes et pourtant ils sont là, à vifs. L'écriture de Sarah Cohen-Scali est percutante, à la fois glaçante tellement les mots sont choquants mais aussi fascinante et provocatrice. Max n'a rien d'un enfant normal, il est pétri dans un moule d'intolérance, de nazisme à vous retourner l'estomac. Son regard sur l'Allemagne de la Seconde Guerre Mondiale est limpide et acerbe. Tout ceci rendra le lecteur perplexe. Pour ma part, cette lecture m'a dérangé...positivement dérangé dans la mesure où le procédé littéraire est efficace et original : l'utilisation de la 1ere personne, faire parler un enfant/ "héros", prototype idéal du Lebensborn est marquant et interpelle d'emblée un récit que l'on ne veut plus lâcher. Il faut le lire pour le croire. Il faut également reconnaître à l'auteure son excellent travail de documentation. Il en ressort un roman violent, bluffant et nécessaire. Je l'ai trouvé pertinent et intelligent, et il m'a heurté à plusieurs niveaux. Une lecture qui devrait s'inscrire à l'avenir dans les programmes scolaires car c'est une autre façon d'évoquer le nazisme, en lecture complémentaire avec les classiques.  


Un énorme merci à toute l'équipe de Gallimard Jeunesse pour l'envoi.
Sous le feuillage | Design par Catherine Surr