Mes extraits préférés de Kafka sur le rivage de Haruki Murakami
"Je prépare l'ouverture de la bibliothèque avant l'arrivée d'Oshima. Je passe l'aspirateur dans toutes les salles, essuie soigneusement les vitres et le vitrail du palier, nettoie les toilettes, époussette toutes les chaises et les tables avec un chiffon. Je vaporise un spray sur la rampe de l'escalier pour la faire briller. Je balaie le jardin, mets en marche l'air conditionné dans la salle de lecture, l'humidificateur dans les réserves de livres. Je prépare du café, taille les crayons. L'atmosphère de la bibliothèque déserte, tôt le matin, me comble de bonheur. A l'idée de tous les mots, de tous les mondes imaginaires qui reposent paisiblement dans ces pièces, je déborde du désir de préserver la beauté et l'harmonie du lieu. J'interromps de temps en temps ma tâche pour contempler les livres silencieux alignés dans les rayons, et je tends la main pour toucher leurs tranches." p 426 Chapitre 33
"Je ferme les yeux. Je suis sur ce rivage, en été, allongé dans un transat. Je sens le contact rugueux de la toile sur ma peau. Un air au parfum de marée gonfle mes poumons. La lumière est éblouissante, même derrière mes paupières fermées. J'entends le bruit des vagues. Un ressac tour à tour proche et lointain, comme si le temps le faisait osciller. Un peu plus loin, quelqu'un est en train de me peindre. Et à côté de lui est assise une fillette en robe bleu pâle à manches courtes, qui me regarde. Elle porte un chapeau de paille orné d'un ruban blanc, et elle laisse couler du sable entre ses doigts. Elle a les cheveux longs et raides, et de longs doigts fins. Des doigts de pianiste. La lumière du soleil fait briller ses bras de porcelaine. Un sourire étire ses lèvres. Je l'aime. Et elle m'aime aussi.
C'est cela, le souvenir." p 602 Chapitre 47
Et pour finir ma citation préférée:
"En voyage, on a besoin d'un compagnon. Et dans la vie, de compassion."