Editions Philippe Picquier
Traduit du japonais par Patrick De Vos
Illustrations de Nicolas Delort
Paru en Novembre 2009
91 pages
13 euros
Traduit du japonais par Patrick De Vos
Illustrations de Nicolas Delort
Paru en Novembre 2009
91 pages
13 euros
Quatrième de couverture: Avant de devenir le célèbre dessin animé de Takahata Isao, La Tombe des lucioles est une oeuvre magnifique et poignante de l'écrivain Nosaka Akiyuki.L'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage ; une histoire qui est celle que Nosaka vécut lui-même, âgé de quatorze ans, en juin 1945. Le traducteur, Patrick De Vos, décrit son écriture comme un brassage de toutes sortes de voix, de langues, la plus vulgaire comme la plus classique, où se déverse par coulées enchaînées les une aux autres le flot ininterrompu des images." Ce sont ces images que l'illustrateur Nicolas Delort fait naître, avec un réalisme stupéfiant, elles restituent toute la profondeur dramatique de cette période, la tendresse des liens qui unissent les deux enfants, l'intensité poétique et visionnaire du texte de Nosaka. Un accord texte-images d'une déchirante beauté.
Photos Copyright Droits Réservés Nicolas Delort/ Editions Picquier
Quand j'ai vu ce bel ouvrage étalé au rayon de ma librairie, je n'ai pu résister à la magnifique couverture. Je n'ai jamais vu le film Le Tombeau des lucioles et à vrai dire je ne regrette pas d'avoir lu le texte qui en découle avant de voir le film d'animation. La Tombe des lucioles est un texte poignant, plongeant dans la tourmente deux enfants, un frère et une soeur en pleine guerre. Juin 1945, Seita se retrouve orphelin de mère, et doit veiller sur sa petite soeur Setsuko. Ils ont faim et après la terrible déflagration de leur quartier, ils ne savent plus où aller pour se protéger de la guerre qui fait rage. Les B29 ne laissent aucun moment de répis. Une tante lointaine les recueille mais cela se fait avec des brimades, des reproches et Seita, adolescent débrouillard va se réfugier dans une grotte appelée la tombe des lucioles car la nuit, celles-ci éclairent les cauchemars de la petite Setsuko. Mais cette étrange lumière est bientôt rattrapée par les horreurs d'une guerre qui est loin d'épargner des enfants innocents et apeurés...
Tout d'abord, il faut savoir que l'auteur a vécu cet épisode, qui nous est raconté avec rigueur, amertume et mélancolie. L'auteur a perdu sa petite soeur dans la guerre et ce texte est comme une sorte d'expiation au fait que lui s'en soit sorti et pas elle. Un texte court dont l'intensité est émouvante et vibrante d'émotions. L'intention de Nosaka Akiyuki n'est point de nous larmoyer pourtant, ici, il rend un hommage puissant à tant d'autres enfants qui ont péri de faim, de solitude, de soif et de maladie, qui sillonnant les rues du Japon, ont vu les bombes, les cadavres et plus petits qu'eux mourir. Que faire parmi tant de misère quand l'on sait au fond de soi que notre tour viendra, sentant l'estomac gargouillé et la souffrance ? La Tombe des lucioles c'est cette histoire vraie, un témoignage de l'auteur accompagné d'illustrations au réalisme saisissant par les traits des personnages, la qualité des couleurs. Un contraste étrange entre un texte sombre et des illustrations éclatantes de vie, pleines de lumière comme pour mieux rappeler la survie de Nosaka Akiyuki, son combat contre la culpabilité. On ne ressort pas indemne de cette lecture, de ces dessins évocateurs et expressifs, on en a les larmes aux yeux. On pourrait se dire que Nosaka Akiyuki a écrit là un conte de guerre éclatant de verve et de sensibilité, hélas quand on pense que cela s'est produit, on ne peut s'empêcher d'avoir une boule dans la gorge. Une lecture que je n'oublierais pas...
Voir les illustrations de Nicolas Delort ici