Robert Laffont
Collection R
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Ardilly
Paru en Septembre 2014
455 pages
17,90 euros
Roman ados dès 14 ans
Thèmes : Dystopie, Société, Fantastique
Quatrième de couverture : Le Joyau, haut lieu et coeur de la cité solitaire, représente la richesse, la beauté, la royauté. Mais pour une jeune fille pauvre comme Violet Lasting, le Joyau est avant tout synonyme de la servitude. Et pas n'importe laquelle : Violet été formée pour devenir Mère-Porteuse. Car dans le Joyau, le vrai luxe est la descendance... Achetée lors de la Vente aux Enchères par la Duchesse du Lac, Violet, le lot 197, son nom officiel, va rapidement découvrir la réalité brutale qui se cache derrière l'étincelante façade du Joyau. S'exercer à la cruauté, à la trahison et aux coups bas est la distraction favorite de la noblesse. Violet doit accepter son sort et tâcher de rester en vie. C'est pourtant dans ce sinistre quotidien qu'elle tombe amoureuse d'un séduisant garçon, loué pour servir de compagnon à la nièce aigrie de la Duchesse. Cette relation interdite vaudra aux jeunes amants d'affronter les plus grands dangers...
Certains ont vu dans Le Joyau des similitudes avec Divergente et Hunger Games. Arrêtons là les comparaisons et creusons un peu plus car Le Joyau, certes, empruntant au genre dystopique, rejoint dans sa hiérarchie sociale Hunger Games. Les districts sont ici des cercles. Au nombre de 4 cercles, 4 maisons fondatrices qui composent l'Ile : Le Marais, La Ferme, L'Usine, Le Commerce, chaque territoire est composé de quartiers et en son centre règne le Joyau, haut lieu de la Cité, lieu de la Royauté et de la Richesse. Là s'arrêtera la comparaison possible entre tous ces univers dystopiques dont chacun, par ailleurs, a son originalité. Et c'est encore le cas avec ce premier tome de la série Le Joyau pour ses thèmes abordés.
Violet Lasting a été choisi dès ses 12 ans pour devenir une Mère-Porteuse grâce à ses aptitudes physiques. En effet, Le Joyau ne pourrait survivre sans descendants. Elle est dotée de la maîtrise des Augures et devient dès lors un objet de convoitise. Considérée comme une marchandise, Violet va porter le Numéro 197 et sera vendue aux Enchères, présentée comme la plus compétente, la plus douée, un espoir pour la Duchesse du Lac de parvenir à ses fins. Car les dames de la haute-société ne peuvent concevoir d'enfants. Elles se livrent une bataille incessante en s'offrant une mère-porteuse digne de confiance, qui sera traitée comme une esclave, qui fera tout ce qu'on lui dictera en échange de quelques mois à vivre comme si elle était une princesse. Violet, naïve, gentille, pleine d'espoir et de rêves n'imaginait pas tomber dans un cercle aussi haineux, corrompu et odieux. Le Joyau est loin d'être un lieu idyllique. La noblesse, sans pitié, fait commerce des gens, s'offrent des bébés à leur convenance et usent de manipulation pour gagner le haut des marches, allant parfois jusqu'au meurtre...
Entre La Sélection et Le dernier jardin de Lauren DeStefano, Le Joyau est un roman qui a su me subjugué pour son histoire d'amour interdite, ses sujets controversés, qui font débat, tellement d'actualité : la gestation assistée, la procréation manipulée, la soustraction à la nature en choisissant la beauté physique, les PMA... Peut-on vraiment faire commerce d'humains ? Peut-on choisir, à la demande, les caractéristiques de son futur enfant et commander une mère-porteuse ? Quelle est la part de moralité dans ce choix ? Quels sentiments éprouvent ces mères-porteuse ? Violet est prisonnière, livrée à des expériences médicales qui l'épuisent.
Dans cette société fausse, tout lui semble dangereux, hostile, suspect et hypocrite. Elle n'a aucun allié. Une romance arrive en plein milieu du roman mais ma foi ce n'est pas ce qu'il y a de mieux réussi ni de plus palpitant. L'héroïne est attachante, victime d'un système brutal et injuste mais elle manque parfois de détermination et de volonté. Elle ne se rebelle pas et manque de personnalité. Elle voudrait s'insurger mais elle manque encore un peu de convictions. J'ai apprécié le suspense crée par l'auteur... et ce cliffhanger incroyable qui m'a littéralement scotché car le lecteur ne s'y attend pas du tout. Sous ses apparences de roman très girly avec son lot de mode, de luxe, de robes splendides de bal, de tenues époustouflantes, de décors de palais princier, on voit dans Le Joyau que ce vernis d'une société idéale craque en une critique sociale moderne : les clivages exacerbés entre riches et pauvres, l'esclavage occulté par des atours luxueux, la mise sur le marché des corps, le commerce des bébés. Une lecture intéressante qui m'a beaucoup plu, d'autant plus que la fin me rend toute chose. Vivement la suite!