Editions Belfond
Collection Le cercle
Traduit de l'américain par Florence Hertz
Juin 2017
576 pages
22,90 euros
Romance historique/ Roman contemporain
Quatrième de couverture : Au début du XXe siècle, une somptueuse histoire d'amour à l'atmosphère ensorcelante, avec pour toile de fond les vastes plaines de l'Ouest australien, terres ancestrales du peuple aborigène. Leonora est une miraculée. Abandonnée par son père dans la fournaise du désert, puis recueillie dans un orphelinat, la petite s'est murée dans le silence. Son seul ami : James, un Irlandais rebelle, qui la protège comme une soeur. Mais le lien si fort qui unit les deux orphelins est brutalement rompu lorsque Leonora est adoptée par les Fairfield, de riches industriels qui l'emmènent aux Etats-Unis. Des années plus tard, c'est une belle héritière qui revient sur les terres australes, au bras de son mari, le ténébreux et irascible Alex Harrington, venu diriger la mine des Fairfield. C'est là que Leonora va retrouver James. Malgré le temps, leur complicité est intacte ; or Alex ignore tout du passé de la jeune femme... Comment lutter contre cette force irrésistible qui la pousse vers James ? Comment échapper à la soif de contrôle maladive de son époux ? Pris au piège de la jalousie, des mensonges et des drames de l'Histoire, les orphelins du bout du monde seront-ils un jour réunis ?
J'ai lu ce livre en deux après-midi seulement, sous un temps de canicule à étouffer, ce qui m'a mis d'ailleurs parfaitement dans l'ambiance de la première scène extrêmement poignante s'ouvrant sur l'abandon de Leonora en plein bush australien par son père. Leonora est une miraculée, recueillie par Ghan un ouvrier des mines, il la conduit dans la ville la plus proche. La jeune fille sera soignée mais traumatisée, elle ne parlera plus. Confiée à un orphelinat dirigé par le père McIntyre, elle va rencontrer un petit Irlandais dont les parents sont morts dans un incendie : James O'Reilly. Il est un peu rebelle James et très solitaire, mais se radoucit au contact de la douce et fragile Leonora. Entre les deux enfants, le courant passe. Un lien très fort se noue d'amitié profonde et de partage des épreuves de la vie qui les rapprochent inévitablement. Puis survient un autre drame pour Leonora qui va se faire adopter par un couple d'industriels américains : les Fairfield dont la mère est stricte et injuste. Très mal vécu par James qui décide lui aussi de suivre sa propre voie, au grand désespoir du père McIntyre qui l'aimait comme un fils. Leonora va devoir quitter James, l'orphelinat, sa terre natale... et elle vit cette seconde épreuve comme un abandon...
Chacun vit sa vie, affrontant les espoirs, les doutes, les rêves, les contraintes et les petites joies. On suit avec un peu plus d'affection les traces de Leonora mais le personnage de James est également bien mis en valeur. Le lecteur comprend vite que leur séparation n'est que temporaire et l'auteure laisse deviner des retrouvailles fortes en émotions. Des années plus tard, Leonora revient en Australie, riche héritière, mariée à Alex Harrington, chargé de gérer la mine des Fairfield. Leonora croise de nouveau le chemin de James, embauché pour diriger le ranch...
Quel roman ! J'ai beaucoup aimé l'écriture fluide, épique et en profondeur de Harmony Verna. Si j'ai adoré la première partie, extrêmement touchante et prenante où l'on suit le parcours triste de Leonora, j'ai été tout aussi séduite par la deuxième partie même si cette dernière se rapproche des romans de Sarah Lark dans le style et dans l'intrigue. Harmony Verna signe son premier roman et je dois vous avouer que c'est une réussite tellement l'histoire de ces deux orphelins, séparés puis réunis est bouleversante.
Le cadre concourt à nous emporter, à nous captiver et l'auteure s'attache à dresser le portrait autant des personnages que des paysages : le bush australien, les terres minières et les vastes plaines avec pour toile de fond le destin d'une héroïne qu'on aime et qu'on a envie de suivre dès les premières lignes! On ressent très nettement que le destin de Leonora va être exceptionnel, semé d'embûches, certes mais fort en actions. Tout d'abord elle a une bonté d'âme incroyable et va parfois sacrifier son bonheur pour sauver les enfants aborigènes d'un acte cruel. On peut dire qu'elle n'a pas eu un parcours facile, ce qui la rend d'autant plus belle et courageuse lorsqu'elle s'affirme devant son mari, un homme usant de force et de manipulation pour parvenir à ses fins. Cette héroïne porte en elle un courage et un amour tels, qu'elle défend des valeurs féministes : le pouvoir de s'émanciper, la volonté de réfléchir par elle-même dans un monde fait d'hommes, de corruption et d'hostilités et le fait qu'elle revendique le divorce à son époque.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé Les orphelins du bout du monde, une grande saga historique qui se déroule sur une trentaine d'années, dans laquelle les deux personnages principaux sont attachants, où l'on est happé par l'ambiance colonialiste des terres australes (avec ses injustices, son industrialisation, ses Blancs riches qui s'imposent en vainqueurs), où l'on suit avec avidité et attachement le destin incroyable de personnages aux valeurs importantes et où l'amour, la confiance, la foi et l'altruisme l'emportent... Un roman de passions, entre déceptions et luttes, entre sentiments et violence, entre amour et nostalgie... un roman passionnant !