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Sous le feuillage est un webzine spécialisé en littérature de jeunesse (mais vous y trouverez aussi de nombreux avis sur la littérature pour adultes) né en avril 2008. Pour vous parler de mes coups de coeur, partager ma passion pour cette littérature si vivante et productive. Il s'agit d'un blog à l'image de ma passion pour la littérature de jeunesse : simple, engagée, enthousiaste.
Pour découvrir, rêver, vibrer, s'évader et s'amuser...
Depuis 2014, en tant que maman, je vous parle de mes découvertes en matière de jeux, jouets, activités et loisirs créatifs que je partage avec mes fils.
Mes genres : fantasy/ fantastique, romance, young adult, thriller, historique et contemporain.

Merci à vous et bonne visite...

54 minutes

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Marieke Nijkamp

Hachette Romans
Traduit de l'anglais par Valérie Drouet
Octobre 2017
290 pages
15,90 euros

Young Adult Contemporain

Quatrième de couverture : 10 h 08 - KEVIN Mec, il se passe quoi ? Réponds-moi ! 10 h 09 - SYLVIA Tyler est revenu. 10 h 11 - MATT. Claire j'ai trop peur. Il tire sur les gens. Qu'est-ce que je fais ? CLAIRE DECROCHE S'IL TE PLAIT ! 10 h 27 - AUTUMN Ca ne peut pas être vrai. Ca ne peut pas être Ty. Ca ne peut pas être mon frère. 10 h 30 - TYLER Aujourd'hui vous m'appartenez tous. Aujourd'hui vous allez m'écouter.

J'avais déjà repéré ce titre lorsqu'il est sorti en VO alors lorsque j'ai su qu'il allait paraître en VF chez Hachette, je n'ai pas hésité une seule seconde. 54 minutes est un roman percutant et extrêmement perturbant puisqu'il aborde sur une thématique dure et tragique, actuelle, inspirée des faits divers qui ont lieu aux Etats-Unis : les fusillades et notamment les tueries au sein d'un établissement scolaire (lycée ou fac). Forcément en partant sur une telle intrigue, 54 minutes ne peut que vous percuter en plein coeur. C'est un roman polyphonique coup de fouet ou coup de poing qui ne vous laissera pas indemne.

C'est la rentrée à Opportunity School - Alabama, les cours ont repris, les élèves se remettent en selle : sport, choix de matières, nouvelles classes et peut-être aussi nouveaux élèves... Nous allons suivre Claire, Tomas, Autumn et Sylvia dans chaque chapitre qui alterne ses quatre points de vue. C'est le matin, il est 10h01 lorsque Claire commence son entraînement de course. Tomas, lui est accompagné de son ami Fareed. Ils ont décidé de sécher les cours pour forcer l'accès au bureau de la principale Trenton. Tomas veut absolument savoir pourquoi Sylvia, sa soeur est terrifiée à l'idée du retour d'un élève nommé Tyler... Sylv et Autumn sont à l'amphithéâtre et écoutent le discours de bienvenue de la principale Trenton. Toutes les classes sont réunies, les professeurs, les élèves, la salle est bondée lorsque surgit un jeune, arme à feu en main et qui se met à tirer...

54 minutes c'est donc le récit de ce temps écoulé, depuis les touts premiers coups de feu jusqu'à l'intervention du SWAT (police spécialisée dans ce genre d'intervention). 54 minutes de pure terreur, d'épouvante et d'horreur faites de morts, de vengeance, de tueries gratuites et de haine pure... C'est toute l'expression de la violence faite homme. Dès les premières pages, j'ai été happé par ce suspense (il faut dire que je n'avais pas lu le résumé) et que l'ambiance oppressante laisse présager un drame... comme si tout était calme, normal avant la tempête! J'ai vraiment ressenti un malaise palpable dans les toutes premières pages et Sylv introduit cette peur et cette tension, en évoquant Tyler, le frère jumeau de Autumn, la colère, la trahison et la jalousie ressenties lorsqu'il a découvert que les deux jeunes filles étaient amoureuses...

Ensuite dès que la fusillade commence, le lecteur est embarqué dans cette tension poignante car les évènements s'enchaînent sans nous laisser une minute de répit. Le lecteur a conscience du compte à rebours qui se joue, où chaque minute écoulée fait un peu plus de morts. L'ambiance est électrique, alerte et complètement redoutable. Le rythme est insoutenable, surtout vers la fin où l'on a qu'une envie : que ça se termine au plus vite pour épargner les victimes encore vivantes, pour sauver les blessés et pour pleurer les morts. Malgré que le roman soit court, je dois avouer que j'ai été bluffée par son côté très complet : tout est expliqué : la fusillade en elle-même, les motivations du tueur, comment il en est arrivé là... 

J'ai également beaucoup aimé le choix des points de vue des personnages qui donne à voir toute l'ampleur du drame et comment il est vécu de chaque côté des parties : nous avons le point de vue intérieur, de ceux qui vivent le drame : Autumn, Sylv, Matt qui sont dans le gymnase. Ensuite nous avons Tomas qui est dans l'enceinte de l'école mais qui va tenter d'aider ses camarades en ouvrant les portes... Puis le point de vue de Claire qui est à l'extérieur, a entendu les tirs et avec son ami Chris va alerter la police. Puis il y a un autre point de vue, celui d'Autumn, la soeur de Tyler autrement dit celle par qui tout s'est déclenché. Elle va expliquer la situation familiale, la relation complexe avec son frère, la bouée de sauvetage qu'est Sylv et comment elle arrive malgré l'amour qu'elle porte à son frère, à le haïr pour ce choix destructeur. J'ai aimé que tous ces personnages, aie un lien avec Tyler : Claire était son ex petite-amie, Sylv était son ennemie, celle qui lui a enlevé sa soeur, Tomas est le frère de Sylv et Autumn sa soeur. Cela rend la lecture assez addictive et bien menée. Le seul bémol que j'ai pu voir c'est parfois un récit qui manque de profondeur au profit du sensationnel. L'auteure joue un peu trop sur la corde sensible d'un JT qui ferait les gros titres genre BFM télé (c'est d'ailleurs un peu morbide et totalement voyeuriste). Le rythme est basé sur l'action, l'émotion, sur un côté très visuel et scénaristique voire en restant à la surface (tel que ce que l'on peut voir aux infos) alors que j'aurais aimé que l'auteur traite mieux ce sujet de manière psychologique.

54 minutes est un roman saisissant et intense... d'une journée qui vole en éclats, où l'on ressent avec angoisse ce que vivent les personnages : la peur, la pression, l'envie de faire quelque chose, d'aider à leur niveau son prochain. Le récit est poignant et suffisamment stressant pour tenir le lecteur en haleine. J'ai beaucoup aimé même si j'ai été choqué par la cruauté malsaine de Tyler envers sa soeur. On ne peut qu'être touché par ce genre de roman qui a le mérite de s'attaquer à un sujet d'actualité malheureusement présent et symptomatique de notre société.

Vous pouvez retrouver ma chronique, 
parue initialement sur le blog Mirrorcle World 
pour lequel je suis chroniqueuse VO et YA. 
Sous le feuillage | Design par Catherine Surr