Ecole des Loisirs
Collection Neuf
Janvier 2019
158 pages
13,50 euros
Roman Junior dès 9 ans
Thèmes : Sorcière, Aventure, Préjugés
Quatrième de couverture : On a beaucoup écrit sur les sorcières. Mais ce qu'on trouve dans les livres n'est qu'un tissu de mensonges. D'abord, contrairement à ce qu'a affirmé un certain Pierre Gripari, il n'y a jamais eu de sorcière qui voulait absolument manger une petite fille à la sauce tomate rue Mouffetard. La raison en est simple : les sorcières sont végétariennes. Vous ignorez sans doute aussi que les sorcières descendent du dragon de Komodo – c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elles naissent avec un balai en guise de queue qui, une fois coupé, leur permet de voler. Lorsque la petite Kaï, contrainte de quitter son île natale, s'installe à Paris avec le reste de son peuple, elle est loin de se douter qu'elle va échanger sa vie avec celle d'une jeune humaine nommée Marie-Astrid...
Tout d'abord j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'univers proposé par Marianne Renoir, non pas que l'histoire n'était pas intéressante mais j'ai été gênée par un certain ton condescendant. En effet dès le début, l'auteure a un certain "mépris" pour Gripari et sa sorcière de la Rue Mouffetard. Cet aspect-là m'a rendu perplexe, pourquoi dénigrer ainsi un classique ! Bref passons. L'histoire se veut être une sorte de documentaire sur les sorcières modernes. Elles vivent sur une île du Pacifique, sont végétariennes, savantes, descendent des dragons de Komodo et naissent par les trous de fesses. Pourquoi pas ? Nous sommes dans un registre imaginaire et amusant donc pour l'instant rien ne me choque. Et je prends plaisir à suivre les aventures de Kaï qui est la plus gentille, la plus belle et la plus intelligente de toutes. Les sorcières doivent quitter leur île et les voilà débarquant sur les toits de Paris. C'est là que certaines choses m'ont laissé perplexe. Kaï assiste à une scène entre Camille, une humaine et sa mère qui la peigne. On a droit à une phrase : "Il faut souffrir pour être bien peignée" référence dépassée au bon vieux dicton "Il faut souffrir pour être belle". Ah bon ?
On trouve encore ce genre de cliché dans les romans jeunesse ? Bref passons. Mais alors quand je lis qu'un enfant de 3 ans n'a pas le cerveau d'un chihuahua! Pardon ! Merci pour l'insulte aux pédagogies Montessori qui précisément incitent à l'éveil et la curiosité des enfants, précisément parce qu'ils sont intelligents et sont capables de mémoriser et de comprendre beaucoup plus qu'on ne le croit ! Après je ne suis pas vétérinaire ni spécialiste des animaux mais de toute évidence je n'ai pas compris la comparaison et j'ai trouvé ça stupide.
Je suis tolérante et même si je suis agacée, je poursuis ma lecture car après tout, j'aime bien le personnage de Kaï même si je trouve ses idées sur le zizi farfelues et un peu obsessionnelles. Elle va échanger sa place avec Camille et découvrir la vie d'une humaine écolière à Paris. Inversement Camille se retrouve au milieu des sorcières. L'échange est vraiment pertinent car ici, il permet d'évoquer les thèmes des enfants surdoués, des enfants précoces et aussi des préjugés. Les préjugés des sorcières sur les humains et inversement la haine féroce des humains envers les sorcières à tort. Donc d'un certain côté, ce roman, malgré quelques maladresses ou mauvaises interprétations de ma part, évoque la tolérance et c'est bien vu. Par contre j'ai eu du mal avec cet humour un peu hautain ou particulier.
"Son petit frère mangeait des Chocapic, en faisant semblant de lire ce qui était écrit sur la boîte, mais il n'avait que trois ans, et à trois ans un être humain n'a pas encore l'intelligence d'un demi-chihuahua."
Il y a des passages qui m'ont plu et je dois avouer que j'ai beaucoup aimé la fin, que j'ai trouvé jolie, positive et se concluant sur une note de bienveillance. Mais pourquoi avoir écrit une scène à l'école où Kaï demande à son prétendant de lui montrer son zizi!!!!! Pourquoi donner de telles idées aux enfants ? Là j'avoue ne pas comprendre encore ce passage. Alors une fille a le droit de demander ce genre de chose déplacée, par curiosité, mais demandez-vous si c'était l'inverse : un petit garçon qui demande à une fille de lui montrer sa zézette... sous couvert de féminisme et de la vague actuelle, on crierait au scandale donc pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas dans ce cas ?
Bref une lecture assez déroutante je dois dire, amusante en certains points, mais avec des passages fort dérangeants pour ma part. Je n'aimerais pas que mon fils lise ceci et je vais m'en tenir, excusez-moi d'être si vieux jeu, à mes bons vieux classiques de sorcières à savoir un cher Gripari ou Roald Dahl.