Harper Collins
Avril 2015
309 pages
Hardback
YA Fantastique/ Fantasy/ SF
Résumé : Aza Ray is drowning in thin air. Since she was a baby, Aza has suffered from a mysterious lung disease that makes it ever harder for her to breathe, to speak—to live. So when Aza catches a glimpse of a ship in the sky, her family chalks it up to a cruel side effect of her medication. But Aza doesn't think this is a hallucination. She can hear someone on the ship calling her name. Only her best friend, Jason, listens. Jason, who’s always been there. Jason, for whom she might have more-than-friendly feelings. But before Aza can consider that thrilling idea, something goes terribly wrong. Aza is lost to our world—and found, by another. Magonia. Above the clouds, in a land of trading ships, Aza is not the weak and dying thing she was. In Magonia, she can breathe for the first time. Better, she has immense power—and as she navigates her new life, she discovers that war is coming. Magonia and Earth are on the cusp of a reckoning. And in Aza’s hands lies the fate of the whole of humanity—including the boy who loves her. Where do her loyalties lie?
Magonia ne ressemble à aucun roman que j'ai pu lire jusqu'à présent. Il m'a bluffé, scotché du début à la fin sans jamais me perdre ou m'ennuyer tellement l'intrigue est addictive et efficace. Aza Ray souffre depuis sa naissance d'une forme d'asthme rare, unique et mortel. C'est un mal inconnu et inexplicable si bien qu'on l'a appelé le Syndrôme d'Azaray. Elle ne peut pas respirer, elle tousse dès qu'elle parle. Aza ne peut vivre normalement. Accompagnée de son meilleur ami Jason, elle voit le monde, regarde la vie à son image, observe son entourage, d'un regard souvent mélancolique et toujours imprégné d'un sentiment d'urgence comme si tout ce qu'elle vivait allait s'arrêter, inévitablement. Lorsqu'elle est en proie à des hallucinations violentes, on tombe en plein fantastique inquiétant. Jusqu'au jour où un nouveau scanner révèle que le poumon gauche d'Aza contient une plume...
"I
know everyone has dreams of flying, but this isn't a dream of flying.
It's a dream of floating, and the ocean is not water but wind.
I call the it a dream, but it feels realer than my life."
I call the it a dream, but it feels realer than my life."
Magonia c'est un mélange de science-fiction, de fantasy et de mythologie mais croyez-moi lorsque je vous dis que c'est bien plus que ça et vous n'avez jamais rien lu de tel. Je pèse mes mots en disant ça. En même temps je n'ai pas envie de vous en dire trop car il va falloir vous embarquer dans cette lecture qui offre une expérience à la fois puissante et tellement évocatrice. Au début j'ai pensé à des anges car il y a tout une thématique dans la première partie sur la respiration (d'ailleurs qui m'a rappelé Jean-Claude Mourlevat dans Terrienne) notamment respirer pour vivre mais aussi tout ce qui touche à l'air, à l'oxygène, à la vie, à la mort. Ensuite on plonge dans une ambiance inquiétante dans la mesure où l'on pressent que Aza va mourir. C'est la fatalité mais on ne s'attend pas à ce que cela se passe ainsi. L'auteur créant sans cesse des rebondissements et des moments d'émotions intenses et si vifs qu'ils m'ont fait frissonné et mis les larmes aux yeux. C'est superbement écrit, avec une sensibilité, une justesse et une force conséquentes. L'intrigue quant à elle est dans la première partie étrange et mélancolique, comme silencieuse et solennelle dans l'attente d'un tournant dramatique. Elle est également remplie de mystères et d'un suspense grandiose car le lecteur ne cesse de s'interroger sur le mal dont souffre Aza et sur ses hallucinations. Est-ce des manifestations de sa maladie, un symptôme plus grave, une vision prémonitoire ? Aza voit un vaisseau dans le ciel, non pas qui vole mais qui flotte... comme si le ciel était un océan. Il existe aussi dans la mythologie antique, une cité dans les nuages appelée Magonia. C'est son ami Jason qui en fait la découverte (il fait tout un tas de recherches pour aider Aza) Avons-nous affaire à un Take Shelter (car il sera question de fin d'un monde, d'ouragan et de tempête de vent) ? L'ambiance en tout cas est parfaitement réussie et nous immerge totalement dans cette atmosphère passionnante et qui coupe le souffle par son charisme et son lyrisme. Aza Ray voit-elle la fin du monde ? l'arrivée d'extraterrestres! On est captivé et je dirais encore plus captif de cette ambiance qui nous fait tourner les pages avec frénésie.
L'écriture est originale, saccadée, à suspense, très intense
émotionnellement (l'auteure me fait l'effet d'un nouveau Patrick Ness cf
: La Voix du couteau), alerte et en même temps percutante portant haut des personnages terriblement attachants et qu'on va aimer suivre. On ne peut se défaire du style immersif de Maria Dahvana Headley. La deuxième partie est tout aussi bluffante et nous fait voyager dans un univers particulier, étrange et "atmosphérique" mi aérien, mi marin car le lecteur va être surpris par toute la sémantique de l'eau/l'air, flotter/voler, respirer/chanter, vaisseau/bateau, vent/vie et la métaphore de "se noyer dans le ciel, dans l'air de la Terre" d'où une intrigue qui va tourner sur une guerre entre Magonia et la Terre. C'est fascinant, atypique, INEDIT et incroyable et l'on est totalement pris par ce monde merveilleux, poétique qui révèle tant sur l'originalité, la profondeur de Magonia. Il sera question aussi de choix et d'une quête identitaire, d'apprentissage car Aza va devoir faire des sacrifices (rupture totale avec sa famille humaine) découvrir qui elle est et comment s'affirmer dans ce nouveau monde... Il sera question d'une armada de vaisseaux, d'un oiseau fantôme, de créatures (baleines et requins, oiseaux) imaginaires et surnaturelles et d'un oiseau/ avatar à l'intérieur de la gorge qui rêve de liberté, sorte de "daemon" (dans Les royaumes du Nord de Philip Pulman). Et pourtant c'est si bien amené, qu'on pourrait tout à fait croire à Magonia dont les origines sont réellement fondées en 815, des marins aériens vivant dans un royaume de nuages et sillonnant la Terre pour récolter des plantes, des graines, créateurs de tempêtes dont l'origine était magique selon Agobard. (cf Wikipédia pour plus de détails). Je vous le disais c'est intéressant et captivant!
Les thèmes importants de la famille, de l'amour, du sacrifice et du vol/chant seront mis à l'honneur dans un roman novateur, vibrant d'énergie et qui défie tous les codes du genre YA grâce à sa "magie météorologique". Alors oui je le crie haut et fort, on a affaire là à une auteure prodigieuse, qui renouvelle le genre du YA et nous offre un roman dense, beau et émouvant. En un mot ? SALVATEUR
♥ ♥ ♥