Presses de la Cité
Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Février 2018
520 pages
21,90 euros
Thriller
Quatrième de couverture : Séparée de son mari et de leur fille, Anna vit recluse dans sa maison de Harlem, abreuvée de merlot, de bétabloquants et de vieux polars en noir et blanc. Quand elle ne joue pas aux échecs sur internet, elle espionne ses voisins. Surtout la famille Russel - un père, une mère et un adorable ado -, qui vient d'emménager en face. Un soir, Anna est témoin d'un crime. Mais comment convaincre la police quand on doute soi-même de sa raison ?
Ce roman est particulier... la manière dont il se déroule est singulière et l'ambiance aussi. Dès les premières pages on sent que nous n'avons pas affaire à un thriller comme les autres. Ici le pitch de départ m'intéressait énormément puisqu'il me rappelait le film Paranoïa, l'histoire d'un ado confiné chez lui qui observe ses voisins. Anna vit recluse dans sa maison d'un quartier résidentiel huppé. Elle passe ses journées dans une sorte de torpeur et de langueur, aidée par la prise d'anti-dépresseurs et d'un petit verre de merlot. Elle regarde de vieux polars en noir et blanc, joue aux échecs et espionne ses voisins. Une famille vient d'emménager... la femme trompe son mari... classique. Mais un soir Anna est témoin d'un crime. Sans pouvoir se fier à sa raison ou même à ses souvenirs, va t-elle pouvoir aider la police dans son enquête ?
La femme à la fenêtre avait tout pour me plaire et si j'ai adhéré à l'ambiance très sombre d'un thriller domestique et de cette héroïne totalement solitaire, un peu voyeuse sur les bords et carrément morose, souffrant d'agoraphobie, tout ne m'a pas entièrement convaincu. Mon avis est en demi-teinte. Cette femme m'a déprimé et l'ambiance conçue comme dans un film en noir et blanc n'a pas aidé à revigorer mon intérêt. Pourtant j'ai aimé la manière dont elle déduit certaines choses, les remarques qu'elle fait sur ses voisins, mordantes, drôles, ironiques. Par contre plus elle tourne en rond chez elle, plus elle boit, ce qui m'a un peu miné le moral. Si on aime ce genre débraillé, laisser allé d'une femme vivant chez elle, rôdant en chemise de nuit, qui adore l'auto-dérision, alors oui ce personnage là est amplement réussi. On plonge au coeur de ses désillusions mais je n'ai pas trouvé ce point particulièrement addictif, juste légèrement soporifique. Heureusement l'action se fait venir avec quelques rebondissements lorsque celle-ci affirme avoir assisté au meurtre d'une personne en face de chez elle, poignardée. Mais peut-on la croire, elle qui ment si bien ? Peut-on lui faire confiance, elle qui est la plupart du temps sous l'emprise de l'alcool ?
Au final j'ai eu l'impression que le traitement apporté à ce personnage était plus abouti que le thriller en lui-même. On frôle parfois le thriller psychologique mais pas le thriller à suspense et c'est ce qui m'a manqué pour véritablement apprécié La femme à la fenêtre. Non pas qu'il s'agisse d'une déception, au contraire, mais ma lecture a manqué de piquant et je n'ai pas eu de réelle surprise. Par contre chapeau bas à l'auteur qui a su distillé tout au long de son roman, une ambiance propre et originale telle qu'on peut la ressentir dans un polar noir. Je dirais que La femme à la fenêtre vaut le coup d'être lu parce qu'il s'agit d'un thriller d'ambiance, un roman d'atmosphère plus qu'un thriller.