Editions J'ai lu
Traduit de l'anglais par Lucienne Molitor
574 pages
Jonathan Harker est sur le point d'arriver, après un long voyage, au château du Comte Dracula; un endroit reculé en plein coeur de la Transylvanie. Une contrée qui dès lors apparaît comme hostile, inhospitalière et angoissante pour notre anglais. Les superstitions et croyances religieuses sont fortement ancrées face à un danger omniprésent qui semble se manifester par les hurlements inopinés de loups. Pourtant, Jonathan est relativement bien accueilli mais quelques soupçons empêchent l'invité de Dracula de se sentir à son aise. Son hôte ne dîne jamais en sa présence, il s'absente la journée, son teint est inhabituellement pâle et ses dents semblent très pointues. Plus le temps passe et plus les choses virent au cauchemar, du moins à une réalité obsédante voire affreusement maléfique. Et Jonathan a peur, prisonnier de cet être si mystérieux. Quand le comte lui fait part de ses intentions, les craintes de Jonathan se révèlent être un puissant piège, encore plus destructeur qu'il ne l'aurait jamais imaginé. Qui est ce Dracula? Et Jonathan sortira-t-il vivant de ce château?
Malgré la durée interminable de cette lecture (bien trois semaines pour le finir), Dracula est un roman fascinant, excellemment flippant et angoissant. Pour sûr, il faut le lire le soir, emmitouflé sous les draps, dans un silence profond afin de saisir tout l'impact sensitif qu'il suscite. Peur, montée d'adrénaline, suspens sont au rendez-vous pour une atmosphère fantastique.
Tout d'abord, il faut noter la construction du récit fondée sur la retranscription des journaux tenus par les personnages principaux. Le récit commence par le journal de Jonathan Harker, son arrivée, sa rencontre avec le comte, ses doutes puis ses peurs, enfin son horrible découverte. Le lecteur ne peut être qu'happé par un récit qui néanmoins fantastique et hallucinant, s'avère tellement ancré dans un réalisme intimiste, que l'on est obligé d'y croire. C'est là que tient toute la maîtrise de Bram Stoker. Le réalisme au quotidien confronté à un fait inédit, inimaginable mais qui se trouve là, sous nos yeux. C'est un roman puissant, tant par son intrigue diabolique que pour son ambiance gothique. Bram Stoker dépeint violemment, en profondeur et subtilement un magnétisme vampirique saisissant. Dracula est un roman à la fois sauvage qui porte des personnages brillants tels Mina Harker, la fiancée de Jonathan et le professeur Van Helsing. Encore plus frappant est ce contraste violent entre le comte Dracula, cet être déshumanisé et assoiffé de sang et les autres personnages dont les pensées et les émotions sont infiniment attachants et tendres, déchirés entre l'amour et l'issue du combat. Car c'est à un réel combat que prend la tournure du roman: combat contre le diable, le Mal personnifié en une créature abjecte, maligne dont toute l'intelligence n'est orienté que dans un seul but: boire le sang et transformer les femmes en non-morts.
Car ce qui est présent dans Dracula est le thème de la victime: une femme innocente, pure, qui ne peut qu'être attirée, irrésistiblement, insidieusement et sensuellement vers une souveraineté ténébreuse. On comprend pourquoi Dracula est devenu un classique de la littérature anglo-saxonne et une référence dans le mythe vampirique. Ecrit avec une grande élégance dûe à l'époque où se situe l'histoire et une prestance parfois un peu lourde pour le style très soutenu, le roman reste surprenant et nécessaire pour tous les amateurs de vampires. Malgré des passages longs qui nécessitent une concentration assidue, le tout témoigne d'une lecture captivante ponctuée de moments forts en émotions...
Les avis de Lilly qui n'a pas apprécié, Karine, et Alwenn qui m'ont donné l'envie de tenter cette lecture
4,5/5 champignons