Editions Gallimard
Collection Du monde entier
Traduit de l'anglais par Guillemette Belleteste
Paru en Juillet 2003
487 pages
24,50 euros
Quatrième de couverture : Sous la canicule qui frappe l'Angleterre en ce mois d'août 1935, la jeune Briony a trouvé sa vocation : elle sera romancière. Finis les contes de fées et les mélodrames de l'enfance. Du haut de ses treize ans, elle voit dans le roman un moyen de déchiffrer le monde. Mais lorsqu'elle surprend sa grande sœur Cecilia avec Robbie, fils de domestique, sa réaction naïve aux désirs des adultes va provoquer une tragédie. Trois vies basculent et divergent, pour ne se recroiser que cinq ans plus tard, dans le chaos de la guerre, entre la déroute de Dunkerque et les prémices du Blitz. La brutalité du réel va faire mûrir Briony. Mais est-il encore temps d'expier un crime d'enfance ? Prolongeant une grande tradition anglaise, celle de Lawrence et du Messager, tout en s'interrogeant sur les pouvoirs et les limites du romancier, Ian McEwan restitue, avec une égale maîtrise, les frémissements d'une conscience et les rapports de classes, la splendeur indifférente de la nature et les tourments d'une Histoire aveugle aux individus. Peintre admirable de la fragilité du bonheur et de la douleur du souvenir, il nous livre, avec Expiation, son roman le plus abouti.
A propos de l'auteur : Né en 1948, Ian McEwan est considéré comme l'un des écrivains anglais les plus doués de sa génération. Outre Les chiens noirs et Délire d'amour, on lui doit, entre autres, Le jardin de ciment, Un bonheur de rencontre et L'innocent, tous accueillis par une presse enthousiaste et qui ont été adaptés à l'écran. Publié en 1987, L'enfant volé a reçu le prestigieux Whitbread Novel of the Year Award et, en France, le prix Femina étranger (1993). Amsterdam a reçu le Booker Prize en 1998.
J'ai vu le film "Reviens-moi" (Atonement) avant de lire le livre. Bouleversée, émue par la fin, j'ai eu envie de lire Expiation mais j'ai mis du temps. Après réflexion, j'ai beaucoup apprécié le roman même si j'ai trouvé qu'il souffrait de quelques longueurs notamment dans la deuxième partie. Ce "reviens" est un leitmotiv dans tout le livre. Une supplication entre Cécilia et Robbie, dont l'histoire d'amour est gravement marquée par un acte grave.
Nous sommes en Angleterre, en 1935, dans une belle demeure de campagne, chez une famille bourgeoise, les Tallis. La mère Emily souffre de migraines chroniques et semble en proie à une sorte de torpeur mélancolique. Elle reste souvent enfermée dans sa chambre, fenêtres à demi closes et tente d'échapper à la canicule de cet été. Briony, 13 ans, se nourrit de ses réflexions, de son imagination et de ses écrits. Observatrice, à l'affût d'un moindre sujet de rédaction, Briony a choisi sa carrière : celle de devenir romancière. Cécilia, l'aînée est dans l'attente du grand frère Léon, qui doit revenir pour la soirée avec un ami d'université. Robbie, le fils de la domestique est promis à un avenir brillant grâce à la mention obtenue à son diplôme de médecine. Fou amoureux de Cécilia, les relations entre les deux jeunes gens sont marquées par l'incompréhension même de Cécilia face à ce qu'elle ressent. Mais les regards sont enflammés, les gestes retenus, les paroles à demi prononcées...Briony va assister à une première scène qu'elle ne comprend pas. Une scène qui la choque et qui commence à faire germer dans son esprit débordant, une pensée victime de tabous sexuels, victime aussi du manque de connaissance des relations adultes. Puis une deuxième scène maladroitement interprétée par Briony va faire basculer la tendance vers un drame. Briony est désormais intimement persuadée que Robbie met en faute sa soeur Cécilia. Plus tard dans la nuit, la cousine de Briony se fait violer, mais là encore les mots sont interdits, rien n'est expliquer. Il faut un coupable. Robbie est tout désigné par la foi inébranlable de Briony, dont l'innocence ne peut mesurer intelligemment les passions adultes...
Le roman de Ian McEwan est un roman chef-d'oeuvre, un roman d'une extrême subtilité et habileté en matière d'écriture des sentiments. La première partie est admirablement bien décrite : une famille anglaise classique, une ambiance très particulière entre la canicule et les relations alambiquées des adultes...l'interprétation de scènes osées par une fille de 13 ans puis le drame naissant dont l'apogée se situe à la dénonciation d'un crime qui bouleversera des vies entières. Celle de Cécilia, une femme en colère qui rompt avec sa famille ; Robbie qui part en prison, injustement incriminé ; Briony qui se punit et abandonne son rêve pour rejoindre les rangs des infirmières. Ian McEwan tisse une intrigue d'une incroyable densité multipliant les points de vue, les jeux de miroirs. Si le roman parle d'expiation, de pardon, de culpabilité, il nous sensibilise également au pouvoir de l'écrivain, aux conséquences de l'imagination qui peuvent être destructrices, aux limites de l'interprétation. Il évoque avec force la douleur du souvenir quand celui ci est imperméable au temps, toujours présent à cause d'une culpabilité persistante. Comment la réalité peut-elle être mal interprétée par une subjectivité facilement vulnérable ? J'ai ressenti un profond mépris pour Briony l'enfant, une enfant qui pour ma part m'a semblé égoïste, jalouse et capricieuse. On retrouve tous ces personnages, cinq ans plus tard, dans la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Leurs vies se recroisent et Briony tente d'expier sa faute, de réparer ce gâchis.
Expiation est un roman d'une qualité certaine, nous rappelant sans cesse que le bonheur ne se livre qu'en instants, éphémères, vivants mais fuyants. Magnifique fresque qui illustre les ambigüités des rapports de classe, des rapports adultes/enfants et qui dessine l'humanité irréductible de chacun, chargé du poids omniprésent de la mémoire impitoyable.
Le roman de Ian McEwan est un roman chef-d'oeuvre, un roman d'une extrême subtilité et habileté en matière d'écriture des sentiments. La première partie est admirablement bien décrite : une famille anglaise classique, une ambiance très particulière entre la canicule et les relations alambiquées des adultes...l'interprétation de scènes osées par une fille de 13 ans puis le drame naissant dont l'apogée se situe à la dénonciation d'un crime qui bouleversera des vies entières. Celle de Cécilia, une femme en colère qui rompt avec sa famille ; Robbie qui part en prison, injustement incriminé ; Briony qui se punit et abandonne son rêve pour rejoindre les rangs des infirmières. Ian McEwan tisse une intrigue d'une incroyable densité multipliant les points de vue, les jeux de miroirs. Si le roman parle d'expiation, de pardon, de culpabilité, il nous sensibilise également au pouvoir de l'écrivain, aux conséquences de l'imagination qui peuvent être destructrices, aux limites de l'interprétation. Il évoque avec force la douleur du souvenir quand celui ci est imperméable au temps, toujours présent à cause d'une culpabilité persistante. Comment la réalité peut-elle être mal interprétée par une subjectivité facilement vulnérable ? J'ai ressenti un profond mépris pour Briony l'enfant, une enfant qui pour ma part m'a semblé égoïste, jalouse et capricieuse. On retrouve tous ces personnages, cinq ans plus tard, dans la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Leurs vies se recroisent et Briony tente d'expier sa faute, de réparer ce gâchis.
Expiation est un roman d'une qualité certaine, nous rappelant sans cesse que le bonheur ne se livre qu'en instants, éphémères, vivants mais fuyants. Magnifique fresque qui illustre les ambigüités des rapports de classe, des rapports adultes/enfants et qui dessine l'humanité irréductible de chacun, chargé du poids omniprésent de la mémoire impitoyable.
Les avis de Lilly, L'Ivresque des Livres, Dasola,
Theoma, Fashion, Allie, Keisha et Manu
Un coup de coeur pour Karine