Editions de L'Olivier
Paru en Août 2010
210 pages
18 euros
RENTREE LITTERAIRE 2010
Quatrième de couverture : Jérôme est un homme calme. C'est du moins ce qu'il croit. Lorsque l'amoureux de sa fille Marina meurt dans un accident, il tombe dans une profonde agitation. Que faire du chagrin de Marina ? D'autres secousses, de plus en plus fortes, viennent ébranler la vie de Jérôme. II doit alors se rendre à l'évidence : de lui-même et de ses origines, il ne sait rien, sinon qu'il fut recueilli jadis, errant dans les bois, par un couple qui l'adopta. D'où vient Jérôme, l'enfant sauvage ? Pour le savoir, il lui faudra plonger à nouveau dans la nuit brune, guidé par un étrange mentor. Dans ce livre, un homme doit se confronter à des forces qui le dépassent, et qui portent des noms si anciens qu'ils ont presque perdu leur sens, comme Eros ou Thanatos. Pour lui, l'Histoire est vraiment un cauchemar dont il essaie de s'éveiller. Usant de toutes les ressources du romanesque, sans se priver de celles du conte, Agnès Desarthe ne cesse de nous surprendre et de nous enchanter.
A propos de l'auteur : Agnès Desarthe est née en 1966 à Paris. Romancière, elle a notamment publié Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Mangez-moi (2006) et Le Remplaçant (prix Virgin-Femina 2009). Agrégée d'anglais, traductrice, elle a consigné avec Geneviève Brisac un essai sur Virginia Woolf, V.W. ou le Mélange des genres. Elle est également l'auteur de nombreux livres pour la jeunesse.
C'est la première fois que je goûte les mots d'Agnès Desarthe. Et cette première rencontre avec l'auteur me laisse comme une sensation de mélancolie car Dans la nuit brune est un récit intimiste et introspectif d'un homme Jérôme qui a laissé passer sa vie en refusant d'être et de ressentir. La mort tragique dans un accident de moto d'Armand, 18 ans, l'amoureux de Marina, fille de Jérôme, réveille en lui une douleur qui jusque là était enfouie au plus profond de lui, au point de ne jamais s'exprimer et de manquer sa vie affective avec un divorce. Enfant trouvé à trois ans, perdu dans les bois, devenu agent immobilier, Jérôme a la cinquantaine et reste impuissant face au chagrin de Marina. Comment consoler son enfant ? Comment l'aider à survivre au deuil ? C'est l'histoire d'une relation parent-enfant marquée du sceau du silence, de la maladresse d'un père qui ne sait pas s'exprimer et fuit les mots. D'autres personnages gravitent autour de la mort d'Armand. Il y a Rosy, la meilleure amie de Marina, source de réconfort et de philosophie, il y a un inspecteur homo à la retraite Monsieur Cousinet, qui enquête sur la disparition de Clémentine et cherche un lien, et surtout il y a là la présence d'une écossaise Vilno, fantasque et farfelue qui donnera l'espoir à Jérôme.
C'est un roman sur la quête identitaire et le deuil. Des thèmes pas très réjouissants, certes car l'ambiance est glaciale, sombre et le personnage de Jérôme est lunaire et pas très joyeux. Cependant le récit est imprégné d'une pointe de mystère et l'on a l'impression parfois d'entrer dans un conte car l'auteur mélange le passé, le présent, le réel et le rêve. La mort, inévitablement, qu'elle touche un proche ou pas, vous ramène à votre passé, à votre vie et conduit à des questionnements. Ce qui était l'histoire d'un deuil d'une jeune fille devient une quête de vérité axée sur Jérôme car pour retrouver la lumière et sortir de la nuit brune, il faut comprendre qui nous sommes et d'où l'on vient. Jérôme, enfant trouvé devra faire ce travail généalogique pour enfin commencer à vivre ses émotions.
Lu dans le cadre du Challenge du 1% de la rentrée littéraire 2010
organisé par Schlabaya du blog Scriptural.
A lire les avis de Leiloona, Véro
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