Editions J'ai Lu
Paru en Septembre 2012
414 pages
6,90 euros
Quatrième de couverture : Sous une chaleur écrasante, alors que le Festival d'Avignon s'enlise dans la grève des intermittents, Mathilde, une célèbre actrice surnommée la Jogar, revient dans sa ville natale. Au même moment, Odon, hanté par la belle Mathilde depuis leur amour passionné il y a dix ans, met en scène la pièce d'un auteur inconnu, mort dans des circonstances équivoques et dont la jeune soeur vient d'arriver, pleine de tourments et de questions insidieuses...
"Anamorphose : déformation réversible d’une image à l’aide d’un miroir ou d’un système optique ou électronique"
Amours blessées, secrets enfouis, douleurs morales, souffrances amères, colère et vengeance... Claudie Gallay signe encore un roman profond, touchant où l'intime se mêle à l'émotion. L'amour est une île parce qu'on y passe, on y vient, on s'en va puis on revient. Métaphore de la vie mais aussi de la passion qui défile, dévoilant ses sentiments, ses sensations, en proie aux aléas du destin et du temps qui passe. Telle la Jogar qui revient dans sa ville natale, reconnaît des souvenirs d'enfance, des souvenirs de femme, des souvenirs d'actrice. Odon, directeur de théâtre, vit le retour de son ancien amour comme une lente blessure qui remonte à la surface. Marie, la soeur écorchée de Paul Selliès, auteur d'Anamorphose est obsédée par la mort et les désillusions de son frère. Attirée par la pièce Nuit rouge qui se joue au théâtre d'Odon, Marie arrive à Avignon avec des questions percutantes. On reconnaît là l'écriture singulière de Claudie Gallay qui affectionne le roman d'atmosphère. Avignon, l'ambiance est moite, étouffante et lourde d'un passé dans lequel le lecteur est happé. C'est également un sublime texte sur le théâtre, l'écriture, le talent, l'inspiration d'un écrivain. Paul Selliès, auteur inconnu, mort avant même d'avoir pu comprendre la portée de son oeuvre. L'amour est une île, roman de littérature sur la littérature, lorsque celle-ci transcende les mots et devient mythe. Et rien que mieux que le théâtre, cette mise en abyme, cette fuite de la réalité, quand jouer un rôle, porter un masque est plus facile que vivre. J'ai aimé cette ambiance particulière avec un goût d'amertume, ce récit authentique, où tout est si dramatique, nostalgique et terriblement humain. Et malgré les épanchements, les émois, les combats intérieurs, les cicatrices, Claudie Gallay réussit à la fin, à nous apaiser de ses mots simples et assurés.
Merci à Silvana et aux éditions J'ai lu pour la découverte.
Mon article sur le premier roman de l'auteure : Les Déferlantes