Thomas Labourot
RUE DE SEVRES
Paru en Septembre 2015
64 p - 12 euros
BD Jeunesse et Tout public
Quatrième de couverture : Comme chacun sait, Merlin vit paisiblement dans la forêt de Brocéliande avec sa fille, Aliénor. enfin, paisiblement. pas si sûr ! Enseigner sa magie à Aliénor n'est pas de tout repos, surtout qu'elle ne semble pas avoir de don particulier. Jusqu'au jour où ils partent en forêt à la recherche de Mandragores, racines magiques essentielles à certaines potions mais dont le cri quand on les arrache tue l'arracheur imprudent sur le champ : miracle, Aliénor résiste aux cris de Mandragore ! En revanche, Merlin, qui faisait son malin, est tué sur le coup. Son fantôme, encore plus ronchon que feu Merlin, n'entend pas rester mort bien longtemps et ce sera cette fois à Aliénor de le tirer d'affaire...
Aliénor Mandragore sonne comme un nom teinté de sorcellerie et lié à la nature. On pense directement à la mandragore d'Harry Potter, à cette plante qui grimace et cause bien des ennuis...et bien ça ne loupe pas car qui dit automne dit cueillette de champignons et d'herbes. C'est ainsi qu'Aliénor suit son père, le célèbre et réputé Merlin dont l'enseignement druidique et la sagesse médicinale ont l'air d'ennuyer la jeune fille. Forte de son ignorance et de sa naïveté, Aliénor va déplanter une mandragore dont le cri va tout simplement et soudainement tuer son père! Ah le voilà bien notre Merlin...transformé à l'état de fantôme, essayant tant bien que mal de motiver sa fille à le ramener à la vie! Les funérailles sont menées tambour battant par la fée Morgane...il ne manquait plus qu'elle, ennemie jurée de Merlin, la voilà pimpante et prête à ouvrir sa bibliothèque, fruit de son savoir. La solution est trouvée pour Aliénor qui devra se faire docile et flatteuse afin de voler la recette miracle pour ressusciter son papa adoré...
Si le scénario est génial et absolument croustillant, plein de peps, de dynamisme et d'humour communicatif...je trouve que cette BD en fait trop! Trop de textes, trop de dialogues, trop d'humour qui force et accentue la dérision de l'intrigue. Il en ressort un Merlin au trait forcé qui essaie de faire des blagues à tout va alors qu'il n'y en a pas besoin. L'originalité des idées est telle que forcer l'humour dans des situations cocasses paraît peu naturel. Loin de m'ennuyer, le récit est fort divertissant et amusant. Cette promenade décalée et déjantée dans l'univers de la légende arthurienne et de la forêt de Brocéliande est dépaysante et pleine de péripéties, de rebondissements. L'histoire est annoncée comme un tome unique et complète en un seul volume, or le cliffhanger est tel qu'il peut laisser présager une suite. J'ai adoré les 8 pages supplémentaires qui sont un bonus non négligeable, un petit plaisir qui rajoute une dose d'originalité : extraits de journaux Les échos de Brocéliande. Les illustrations expressives, enjouées et colorées de Thomas Labourot sont chouettes et sympathiques, demeurent de facture classique. Au final une BD réussie mais dont je regrette néanmoins le côté "trop" qui pourrait desservir un humour déjà présent.