Gallimard Jeunesse
Traduit de l'anglais par Philippe Giraudon
Août 2016
576 pages
19,50 euros
Roman dos dès 14 ans
Thèmes : Fantastique, Secret, Londres
Quatrième de couverture : Londres. Avril 1812... Lady Helen Wrexhall s'apprête à faire son entrée dans le monde. Bientôt, elle sera prise dans le tourbillon des bals avec l'espoir de faire un beau mariage. Mais une bonne de la maison disparaît, des meurtres sanglants sont commis et Helen fait la connaissance de lord Carlston, un homme à la réputation sulfureuse. Il appartient au Club des mauvais jours, une police secrète chargée de combattre des démons qui ont infiltré toutes les couches de la société.
Lady Helen est dotée d'étranges pouvoirs, mais acceptera-t-elle de renoncer à une vie faite de privilèges et d'insouciance pour basculer dans un monde terrifiant ?
A propos de Eon et le douzième dragon :
"Le lecteur est plongé dans cet univers ancien et qui pourtant a été
inventé à partir des recherches de l'auteur. L'écriture est rythmée,
parsemée entre interrogations, actions et descriptions. Les décors sont somptueux,
les détails sont dépeints avec un tel raffinement qu'il est difficile
de ne pas succomber aux charmes des murs, des ornements, des
vêtements... Tout y est d'une élégance royale."
Une nouvelle trilogie d'Alison Goodman qui se déroule dans le Londres de la Régence (XIXème siècle - 1812) qui mêle romance historique et fantasy noire ? Ouh là là, mes amis! Quelle perspective alléchante! Jane Austen fait partie de mes classiques fétiches et la couverture avec des lettres d'or en relief et en vernis sélectif a achevé de me convaincre...
J'avais un peu peur pourtant, car j'avais trouvé Eon et le douzième dragon extrêmement long et l'épaisseur de Lady Helen m'a fait craindre d'y retrouver trop de descriptions ennuyeuses. Mais quelle surprise en fait! J'ai adoré et j'hésite à le classer en coup de coeur car il me manque un soupçon de passion et de folie dans les sentiments. Lady Helen s'apprête à faire son entrée dans la cour. Orpheline, elle est encore sous la tutelle de son oncle et de sa tante, qui veillent scrupuleusement à ce que l'on ne fasse pas le rapprochement entre Lady Helen et la mauvaise réputation (de trahison) de sa mère. Helen fait la connaissance de Lord Carlston, qui revient d'exil. On dit qu'il est le meurtrier de sa femme. Mais Lady Helen est une jeune femme au caractère affirmé et souhaite s'affranchir de tous les ragots mondains. Piquée dans sa curiosité, elle prête importance à ce Lord Carlston, d'autant plus qu'il semble pouvoir lui faire des révélations essentielles sur sa mère et sur elle-même. Pour ne pas gâcher son plaisir, c'est aussi un bel homme, séduisant et au charme ténébreux.
Des faits étranges et surnaturels s'invitent dans le quotidien de Lady Helen : la disparition de sa bonne, des meurtres particulièrement sanglants. Lady Helen est loin d'imaginer tout ce qui l'attend : Lord Carlston appartient au Club des mauvais jours, une police clandestine parallèle qui traque les Abuseurs, des démons vicieux qui se nourrissent de l'énergie humaine. Elle-même possède des dons particuliers, hérités de sa mère et devra faire le choix crucial entre les renier pour mener une vie sobre faite de soirées mondaines ou bien se tenir aux côtés de l'homme par lequel elle est irrésistiblement et dangeureusement attirée, au risque d'y laisser sa vie en combattant des créatures terrifiantes!
Alors comment vous dire ? Imaginez un cocktail détonant et raffiné entre :
- Orgueil et Préjugés de Jane Austen pour les décors, les descriptions de la garde-robe de style Régence, la vie mondaine (bals, danses) et les relations sociales (tutelle des femmes, bonne conduite, éducation aristocratique et guindée)
-la série télévisée Torchwood et Fièvre noire (Les chroniques de McKayla Lane) de Karen Marie Moning ou encore Le protectorat de l'ombrelle de Gail Carriger pour tout ce qui touche au surnaturel, aux démons, et au registre fantastique, entre fantasy noire et urban fantasy.
Autrement dit c'est à la fois palpitant, excitant et complètement addictif. Alison Goodman n'a rien inventé mais elle a réussi à tirer son épingle du jeu avec un premier tome qui pour ma part est jubilatoire. J'ai adoré ma lecture et comme je vous le disais, je n'en fais pas un coup de coeur car il me manque un peu de torride ou de passion dans la relation Lady Helen et Lord Carlston. J'aurais voulu que l'auteur donne à son héroïne un peu plus de fougue et de verve. J'ai trouvé Lady Helen plutôt timorée en fait. Mais elle manque tout de même de rage ou est-ce Lord Carlston qui n'est pas assez charismatique et entreprenant ? C'est à voir par la suite. Helen est une héroïne forte qui essaye de s'affranchir de la domination
de son oncle/ frère/ des hommes et je suis sensible à ce thème de
l'affirmation des femmes dans une société qui impose des limites
sociales et des règles de bienséance. Cela rend les relations entre les personnages beaucoup plus compliquées voire parfois avec un arrière-goût d'interdit qui apporte du piquant dans l'histoire. Ainsi je n'arrêtais pas de me demander comment la romance entre Helen et Lord Carlston allait évoluer (et c'est cet aspect là qui m'a le moins convaincue), surtout que la fin est plutôt prévisible et ne se termine pas sur un cliffhanger de fou. Dommage...
Côté fantastique, on est dans du très bon avec des forces obscures insidieuses qui s'invitent dans les soirées mondaines. J'ai adoré l'introduction de cet univers grâce au médaillon/miniature que porte Helen, cadeau de sa mère. C'est comme ça que tout commence et que l'héroïne bascule dans un univers envoûtant et secret. La description des Abuseurs, de cette magie noire et des combats est prenante. Du coup, même si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai été vraiment emballée par l'univers et l'héroïne. Gageons qu'il va se passer des choses un peu plus pimentées et démentes dans les prochains tomes pour en faire une série Young Adult qui sorte du lot !!