Camille BrissotEditions Syros
Avril 2018
475 pages
17,95 euros
Roman ados dès 13 ans
Young Adult Fantastique/ Dystopie
Quatrième de couverture : Du haut du Mont-Survie, Oto admire chaque jour la forêt qui l'encercle à perte de vue. Elle est si belle qu'il en oublierait presque ce qui se tapit sous les arbres. Mais lorsque la montagne s'endort, que les lumières s'éteignent et que les voix s'effacent, le vent résonne d'un chant inhumain, effroyable : le gémissement des limbes, les victimes de l'épidémie. Bientôt, Naha devra passer plusieurs jours et plusieurs nuits dans la forêt.
Oto refuse de rester cloîtré en espérant le retour de celle qu'il aime plus que tout. Quitte à être une proie de plus, il va sortir lui aussi. La forêt est devenue le territoire des limbes. Le risque de contamination se cache dans chaque zone d'ombre. Préparez-vous à vivre une expédition sous haute tension.
J'ai beaucoup aimé Ceux des limbes car les décors et l'ambiance sont ceux des romans "survival" et l'univers de Camille Brissot, même s'il comporte une touche personnelle rappelle des références comme la série TV Walking Dead, le jeu vidéo The last of us, et même un peu du Hunger Games pour les passages dans la forêt. Des références qui me parlent et que j'aime bien. Mais l'auteure apporte sa touche personnelle et son originalité en inventant les limbes. Le limbe est un champignon parasite qui se transmet par l'homme par le sang, la salive. Une fois contaminé, il ne reste rien de la personnalité de l'humain et il ne garde que ses fonctions vitales. Le limbe prend le contrôle du corps dans un seul but, celui de se propager. Dès lors il n'a qu'un impératif, produire des voix, mordre, griffer d'autres humains. Les individus infectés se déplacent par hordes, attirés par le bruit et le mouvement... comme des zombies.
Mais Camille Brissot va plus loin dans son univers et propose un cadre/décor magnifique, aussi attirant qu'oppressant : celui de la forêt, une nature hostile et fascinante et qui isole les personnages dans un huis-clos tout en tension. La société du Mont-Survie, une montagne dans laquelle la hiérarchie prône un retour aux valeurs simples est une société qui a peur du monde extérieur et qui a régressé. Oto et Naha évoluent à contre coeur dans cet univers régi par les lois, à l'image de l'héroïne dans Enclave (un autre roman survival). Naha va partir pour sa première mission, l'épreuve de la Sortie mais Oto, fou amoureux d'elle et orphelin des cercles inférieurs refuse de la laisser. En catimini il va suivre le groupe dans la forêt...
Si Camille Brissot n'invente rien en termes d'ambiance "survival" et en termes d'exploitation du zombie/ mort-vivant (elle s'inspire du cordyceps un champignon parasite qui transforme les fourmis en zombies), le limbe contient une part tout à fait exceptionnel car son cri et ses gémissements provoquent le désespoir, le découragement chez les hommes qui l'entende. Ainsi Ceux des limbes contient une part un peu fantomatique comme si le limbe était un zombie-spectre... apportant ainsi une dimension psychologique et fantastique importante et passionnante. On trouve une réflexion profonde sur la fragilité de l'homme, sa capacité à accepter sa mort, sa résilience face à sa disparition, la peur de la pandémie, le cycle de la vie... Vie et mort sont étroitement liés et c'est un thème que l'on retrouve dans La maison des reflets et qui fait que Ceux des limbes n'est pas qu'un roman de type "survival". Certes le limbe est sauvage mais l'homme l'est aussi et la menace vient parfois de l'intérieur.
En bref, le roman de Camille Brissot est copieux, avec une intrigue consistante, des personnages attachants qui croient en leurs idéaux, des décors réussis qui instaurent une ambiance immersive et une situation post-apocalyptique réellement convaincante car crédible et qui s'inspire d'un fait réel. Le rythme et l'écriture sont efficaces et entraînent le lecteur dans une atmosphère captivante. Encore un excellent roman de cette auteure...
Je vous met le lien de la vidéo de présentation du jeu The Last of us sur le cordyceps