Neil Gaiman surnommé Le marchand de rêves.
Un auteur incontournable du genre fantasy et fantastique.
Sans conteste, Neil Gaiman est un écrivain éclectique. Né en 1960, il s’est imposé comme le maître du fantastique anglo-saxon. Scénariste de bandes dessinées (The Sandman), on lui doit aussi Neverwhere (Prix Julia Verlanger 1999), Miroirs et fumées, American Gods (Prix Hugo, Bram Stoker et Locus fantasy 2002) et De bons présages en collaboration avec Terry Pratchett. Stardust et Neverwhere sont deux romans totalement différents par l’environnement qu’ils mettent en scène mais possèdent cette touche d’originalité propre à l’auteur britannique. Ecrits selon la tradition classique anglaise, ses deux romans présentent le style unique de Neil Gaiman, un mélange des genres au service du conte.
D’un côté il y a Wall, petit village au cœur de la forêt anglaise. De l’autre, le pays des Fées, monde merveilleux dans lequel évolue sorcières, licornes et princes cruels. Mais ce pays féerique reste interdit aux humains, séparé par une muraille qui empêche tout passage et sans cesse surveillée par un gardien. Sauf que tous les 9 ans se tient la foire des fées, qui durant un jour et une nuit, permet aux deux mondes d’échanger et de se croiser. Attendre si longtemps est impensable pour notre jeune héros Tristran Thorn, qui lors d’une soirée promet à sa fiancée de lui rapporter l’étoile filante qu’ils ont vu tomber de l’autre côté de Wall…
Stardust est un conte fantasy (le texte débute avec la formule « Il était une fois… ») qui met en scène un jeune homme naïf Tristran Thorn. Celui-ci, amoureux fou, fait une promesse à sa belle : s’il lui offre l’étoile filante en cadeau, elle consentira (malgré elle) à leur mariage. Mais Tristran s’engage dans une recherche insoupçonnable : l’étoile est l’objet de convoitise, de sorcières défraîchies qui souhaitent retrouver leur jeunesse déchue, et de princes qui n’hésitent pas à tuer pour l’héritage du trône. Dans cette quête, Tristran va devoir affronter maints dangers tout en levant le voile sur le mystère qui entoure sa naissance.
Stardust est un conte initiatique au ton léger (la rencontre de pirates peu convaincants !) et amusant sur fond de romantisme exacerbé. Ecrit selon la tradition du conte oral, fondé sur les « ficelles » de la Fantasy, l’intrigue reste néanmoins prévisible et l’on devine assez vite les recoupements que l’on peut faire pour connaître le fin mot de l’histoire (contrairement à Neverwhere, riche en rebondissements).
J’ai adoré la fin dans laquelle Tristran découvre que l’étoile devient poussière dans le monde réel. (D’ailleurs pourquoi la traduction française de Stardust est « Le mystère de l’étoile » et pas justement Poussière d’étoile ?) Ce détail m’a rempli de mélancolie car c’est comme si le pays des Fées n’est finalement plus dès que l’on franchit le mur. Alors que ce dernier paraissait tout aussi proche que cela en était presque troublant…
Troublant est le terme qui définit assez bien l’atmosphère de Neverwhere et les impressions que j’ai ressenti à sa lecture. Conte fantastique où l’irruption d’un élément extraordinaire dérange un quotidien paisible, Neverwhere, le pays de « nulle part », nous entraîne dans un récit à l’humour un peu noir.
Richard, écossais d’origine, s’installe à Londres. Il y mène une vie ordinaire aux côtés de sa fiancée. Mais Richard est un homme simple, cette petite vie sans heurts (métro, boulot, dodo et accessoirement visites des musées pour plaire à sa fiancée) le satisfait. Ce gars sans convictions, sans personnalité bien prononcée, se trouve confronté à un choix qui changera sa vie. Lors d’une soirée, il trouve une jeune femme ensanglantée et apeurée. Celle-ci le supplie de ne pas l’emmener à l’hôpital. Contre toute attente, Richard s’oppose à la volonté de sa fiancée et décide de ramener la jeune blessée chez lui. Le lendemain, l’inconnue disparaît et laisse Richard en plan. Et là tout dérape. On dirait que le monde s’est détraqué. Comme s’il n’avait jamais existé, Richard perd sa fiancée et son travail. Pire il est invisible aux yeux du Londres d’ « En-Haut ». Prenant son destin en main, n’ayant plus rien à perdre, Richard rejoint les bas fonds du métro londonien et entre dans le Londres d’ « En-Bas ». Il y découvre un monde souterrain, féodal où les rats sont dotés de parole et où les anges, visiblement, cachent bien leurs jeux…
Empreint d’une certaine magie, ce conte d' Urban Fantasy est surprenant et original. L’imagination est au service d’une plume parfois un peu dérangeante. Là aussi le thème de la quête initiatique est une tendance évidente mais celle-ci est plus psychologique et sérieuse (Je pense notamment à une séquence où Richard est en pleine introspection et lutte contre le suicide). Le côté urbain, l’humour grinçant, les scènes d’angoisse et le manichéisme latent font de Neverwhere une lecture rythmée et prenante.
Avec Neil Gaiman, on passe toujours un bon moment de lecture détente grâce à laquelle le rêve d’un monde parallèle devient accessible. Ses romans sont pleins d’idées et de réflexions implicites. Je regrette seulement que la culture anglaise me fasse défaut pour connaître toutes les références littéraires auxquelles il fait allusion.
Avec Neil Gaiman, on passe toujours un bon moment de lecture détente grâce à laquelle le rêve d’un monde parallèle devient accessible. Ses romans sont pleins d’idées et de réflexions implicites. Je regrette seulement que la culture anglaise me fasse défaut pour connaître toutes les références littéraires auxquelles il fait allusion.