Traduit de l'anglais par Anne Guitton
310 pages
Paru en Avril 2009
Quatrième de couverture: Djeddah, fin des années 80.Naser est un jeune Erythréen de vingt ans que les troubles politiques dans sa terre natale ont forcé à émigrer en Arabie saoudite où, pour gagner sa vie, il lave les voitures. Là-bas, les femmes sont cachées sous leurs voiles et les hommes ont les pleins pouvoirs. Seule prévaut la justice des riches et des puissants. Naser grandit dans un climat brutal et ses moindres faits et gestes sont épiés par la police religieuse tandis que sa vie est rythmée par les sermons stridents de l'impitoyable imam de la mosquée locale.Jusqu'au jour où il reçoit - sacrilège - un mot d'amour écrit par une inconnue. Bravant les chefs religieux et politiques, Naser décide de vivre cette passion, tout en sachant qu'il risque sa vie s'il venait à être découvert. Les Amants de la mer Rouge est l'histoire d'un amour interdit, dans une Arabie Saoudite brûlante et tyrannique, une passion universelle et moderne tout à la fois.
Sur l'auteur: Sulaiman Addonia est né en 1974 en Erythrée, d'un père éthiopien et d'une mère érythréenne.Il a passé ses jeunes années dans un camp de réfugiés au Soudan, après le massacre d'Om Hajar perpétré dans son pays en 1976 Dans les années 1980, Addonia se réfugie avec son frère, en Arabie Saoudite, puis en Grande-Bretagne, où il étudie à l'University College de Londres. Les Amants de la mer Rouge est son premier roman.
Djeddah, Arabie Saoudite. "Un film en noir et blanc" , les hommes en blanc et les femmes voilées de noir. Le blanc pour l'homme saint, l'homme pieux, le bon musulman qui doit rester pur et le noir pour signifier la couleur du voile pour une femme qui n'a pas de droits, sinon et encore celui de respirer, tentatrice et perfide. Le noir qui l'oblige à rester cachée, humiliée, reniée par une culture faite pour les hommes et par eux. Pourtant tout n'est pas blanc ou noir, cette apparente extrêmité dans les relations sociales, est détournée par une autre règle: les hommes remplacent les femmes avant le mariage. Relations homosexuelles, prostitution contre protection financière; les hommes vont à la Mosquée mais sont loin d'être des saints. Nasser a dû quitter sa mère et a fui l'Erythrée. Rejeté par son oncle, il se débrouille et rencontre Jassim. Sorte de protecteur, il lui offre travail et logement mais à quel prix. Un jour, Nasser trouve le mot d'amour d'une mystérieuse jeune fille. Etouffé par la police religieuse qui réprime les relations sentimentales de toute nature, Nasser se risque à rêver d'un amour qu'on sait d'avance voué à l'échec.
Entre discours religieux et romance secrète, Les Amants de la mer Rouge est un roman que l'on dit être une "passion universelle et moderne". Je ne vois pourtant pas où est la modernité dans un pays qui abolit les libertés individuelles dont la principale reste l'amour, le choix de son époux ou épouse, le choix d'aimer. Je dois dire que les serments, le discours de l'imam m'ont sérieusement énervés: une intolérance exacerbée si ce n'est du fanatisme affolant. Nasser est un personnage touchant, piégé par cette religion discriminante, doux romantique, sage rêveur d'un amour qui se veut sensuel, sincère et confiant en un avenir meilleur. Les jeux des rendez-vous préparés avec soin pour ne pas se faire prendre, ce risque au nom de l'amour, ces lettres tombées, font le charme de l'histoire, le charme d'un couple courageux qui ose. Mais on pressent comme l'auteur l'intitule "les conséquences de l'amour" , la police religieuse, la peur, le châtiment sont des idées bien ancrées et on sait que ça se finira mal. Quoique la fin du livre apporte un petit espoir...Malgré une lecture plaisante et agréable, ce roman sera facile à oublier. Ce qui reste est ce pincement, le même que j'ai eu pour "Oublie les mille et une nuit", le poids dangereux et destructeur de la religion, qui indéniablement ne peux que toucher soit par l'indignation que provoque une telle injustice, soit par l'émotion que suscite l'interdiction d'aimer. Un roman intéressant...
Je remercie Suzanne de et les éditions Flammarion pour l'envoi de ce roman.