Editions Gallimard
Collection Folio
Traduit de l'allemand par Bernard Lortholary
et Robert Simon
84 pages
Quatrième de couverture: Cinquante ans après la Seconde Guerre mondiale, Andi, un jeune Allemand, et Sarah, une Juive dont la famille est rescapée d'Auschwitz, tentent de vivre leur amour malgré le poids du passé.Après le succès mondial du Liseur, Bernhard Schlink nous offre un texte lucide et désenchanté sur l'amour et la mémoire.
La circoncision est un texte court, efficace où l'on retrouve après Le liseur, la plume sensible et alerte de Bernhard Schlink. L'amour et la mémoire restent les thèmes majeurs de ce roman foisonnant et poignant. Ce que j'apprécie beaucoup chez Bernhard Schlink est cette capacité avec des mots, avec des interrogations pertinentes, de réviser le jugement que l'on porte sur les choses notamment sur les Juifs, l'Allemagne après la seconde Guerre mondiale et sur la notion de culpabilité. A travers l'histoire d'amour de Sarah, d'origine juive et de Andi, allemand, l'auteur dépeint avec une extrême authenticité et délicatesse le sentiment d'appartenance. Et c'est fort intéressant car en reconstruisant cette appartenance sous le prisme de sentiments au sein d'un couple mixte, Bernhard Schlink en profite pour poser des questions évidentes: celle des préjugés, celle du poids du passé qui pèse sur les futures générations, celle de la responsabilité, du libre arbitre. Doit-on se sentir responsable des faits qui ont été commis par nos ancêtres ? La vérité se trouve-t'elle nécessairement dans la mémoire familiale et religieuse ?
Sarah et Andi se disputent fréquemment à propos de leur manière d'être, leur manière de penser qui serait propre à un sentiment d'appartenance religieuse, qui serait comme dirait Sarah typique des Allemands ou des catholiques. Les enfants de catholiques ou de juifs doivent-ils forcément se marier avec les leurs ? Ne peut-il pas y voir de dialogue interculturel et tout spécialement entre les Juifs et les Allemands ? Andi est souvent blessé et irrité par les propos des amis de Sarah et par Sarah elle-même. Par amour ou par dépit, il ne se défend pas alors que l'antisémitisme envers les allemands est tout aussi préjudiciable que celui fait aux Juifs. Andi se questionne et vient pour lui la question de la conversion, de la circoncision. Mais un couple tel que celui de Sarah et d'Andi peut-il s'engager dans la tolérance et le respect de la culture de chacun quand l'un deux s'obstine à faire du passé le poids omniprésent de la mémoire vivante...
C'est ce que nous raconte La circoncision, un très bon roman, digne de Bernhard Schlink qui défend avec maturité, avec intelligence d'esprit et de coeur et avec une tolérance toute particulière cette perception d'une Allemagne accablée, notamment de cette génération d'après-guerre qui en subit le lourd repenti.
4/5 champignons