Collection Lettres Hispaniques
Roman traduit de l'espagnol par Marianne Millon
Paru en Septembre 2009
380 pages
RENTREE LITTERAIRE 2009
Quatrième de couverture: Puissant, immense, tout de verre et d'acier, le Grand Train de 7 h 45 vient de s'ébranler à destination de Hambourg, quand, à son bord, le modeste employé Daniel Kean distingue une flaque rouge sang aux pieds d'un passager.Pour déjouer l'attentat imminent, le jeune homme amorce le dialogue avec le kamikaze agonisant qui lui susurre quelques mots à l'oreille. Le voilà dépositaire malgré lui d'un effroyable secret : l'emplacement de la "Clé" qui pourrait détruire Dieu, détruire surtout la crainte qu'il inspire aux hommes. Flatté, menacé ou manipulé par deux bandes rivales qui se disputent cette boîte de Pandore, Daniel s'immerge dans un univers peuplé d'ombres, traverse des ténèbres et affronte des mythes et des divinités archaïques.Tels Verne, Stevenson ou Lovecraft, José Carlos Somoza conduit ce thriller futuriste vers des terres inexplorées, des continents entourés de marais, des océans contenus dans des cercueils de verre, orchestrant l'éternelle bataille, ici magistralement renouvelée, entre les armées du bien et du mal. De ce voyage hallucinant dans les méandres de la foi, on revient riche d'une seule certitude : ce "pour ou contre" Dieu qui a forgé notre conscience d'être au monde, cette croyance ou ce déni qui règlent nos vies, il faudra admettre qu'ils reposent sur la seule puissance fabulatrice des hommes.Un postulat bâti sur une légende !
A propos de l'auteur: José Carlos Somoza est né à La Havane en 1959 et vit à Madrid.Ses ouvrages, parus chez Actes Sud, La Caverne des idées (2002, et Babel n ° 604), Clara et la pénombre (2003, et Babel n° 669) La Dame n° 13 (2005, et Babel n° 793), La Théorie des cordes (2007. et Babel n° 911), et Daphné disparue (2008), sont traduits dans le monde entier.
Daniel Kean, employé du Grand Train quitte ce matin là son foyer avec le coeur lourd. Sa petite fille Yun a fait un terrible cauchemar dans lequel elle sentait son papa en danger dans un train sombre... Daniel comprend mieux les paroles de Yun lorsque celui-ci se trouve confronté à un jeune homme mystérieux, un kamikaze moderne qui cache des tonnes d'explosifs. Il a choisi Daniel pour lui livrer un puissant secret. Daniel est le messager d'une révélation dangereuse: une Clé appelée Clé de l'abîme, celle qui détruira Dieu. Péché par un comité de sécurité, Daniel est emmené puis interrogé jusqu'à ce qu'un homme odieux décide d'exécuter sa femme sous ses yeux. Mais Daniel ne peut rien faire. Il certifie que l'homme ne lui a rien révélé. Ignorance ou oubli, Daniel devient l'objet de convoitise de daux bandes rivales qui sont prêtes à tout pour connaître la Vérité...
José Carlos Somoza signe là un thriller futuriste assez pompeux, où la lourdeur du style n'a d'égale qu'une intrigue compliquée. Je n'ai pas du tout accrochée à l'écriture de cet auteur dont on dit qu'il est renommé et apprécié. Ce n'est qu'à la fin que l'auteur dévoile les ficelles mais le reste du livre n'est pas enchanteur. Certes José Carlos Somoza n'a pas son pareil pour les décors, à la fois sauvages et mythiques, mais les trop nombreux personnages ne sont pas attachants. L'histoire est complexe, entre les croyants et les non-croyants s'inscrivant dans un monde manichéen du bien et du mal, ou plutôt de la vérité et de l'illusion. Même au sein des croyants de la Bible, les opinions divergent entre les lecteurs du Premier chapitre jusqu'aux lecteurs du Quatorzième. C'est à la fin que l'on comprend où l'auteur a voulu en venir, s'inspirant de l'oeuvre de Lovecraft mais si on retrouve cette ambiance confuse et sans espoir chère aux créatures lovecraftiennes, il n'en reste pas moins qu'en tant que lectrice de Lovecraft je n'ai pas adhéré à la "Clé de l'abîme". Les pouvoirs de la littérature sont impénétrables et l'intrigue de Somoza est parsemée de longueurs, de discours interminables. Si je devais qualifier ce roman je le nommerais écriture de l'artificialité, écriture certes très imagée et imaginative, où l'horreur suscite l'effroi, visions chaotiques d'êtres hybrides mangeurs d'âmes; artificialité dans les décors luxuriants de ce Japon découvert sous une bulle de verre noyée, mais tout ceci lorsqu'on connaît les mythes de Lovecraft est bien fade. Artificialité n'est qu'illusion alors que le Maître était créateur de mythes. La Clé de l'abîme est un roman d'aventures qui plaira aux amateurs d'un fantastique poussé à l'extrême, un thriller incertain qui laisse perplexe ; mais qui ne prendra pas beaucoup de place dans ma mémoire de lectrice...
6/7