Milan
Collection Macadam
Paru en Février 2010
210 pages
9,50 euros
Romans ados à partir de 12 ans
Quatrième de couverture: Quatre mois ! La mère de Luce est partie pour quatre longs mois à l'autre bout de la planète. Bon débarras ! Sur fond de teufs metal, Luce entend bien profiter de sa nouvelle liberté. Mais, passé le moment d'euphorie, des questions se posent : pourquoi ce départ précipité ? Où est sa mère exactement ? Et pourquoi est-ce qu'elle n'appelle pas ?
Partie. Envolée avec pour seuls mots "A toi de gérer le reste": sa mère quittant la France pour l'Australie. Quatre mois sans autorité, sans brimades, sans regards entourloupes. Des mois de liberté mais frustrée, Luce s'abandonne néanmoins à une vie de teufs, où trône en maître musique metal, allure gothique et soirée alcoolisée... Luce et sa mère ne s'entendent pas très bien, ce n'est pas une osmose entre la mère et sa fille qui sur fond de disputes, de non-dits et de fuites, en sont venues à s'ignorer. Surprise, Luce cède bien vite à la colère, aux interrogations surtout lorsqu'elle apprend, après des recherches que sa mère serait en Espagne et non en Australie. Pourquoi a-t-elle menti ?
Ce roman a réussi le pari de m'étonner, de m'émouvoir et pourtant ce n'était pas gagné. Au début j'étais frustrée, me demandant sans cesse mais où l'auteur nous emmène, pourquoi en venir à de telles situations...La première partie qui se déroule en France est triste. Luce vit mal l'abandon de sa mère et sombre dans un délire gothique...Pire l'adolescente vit une première relation sexuelle difficile et cela la bouleverse. On comprend mieux cette relation mère-fille, thème important de ce roman, qui en est arrivée à un point de non retour. Comment gérer une adolescente à la personnalité si marquée ? Sur fond d'incompréhension, de silence pesant, on s'attache au personnage de Luce et on s'interroge en même temps qu'elle face au départ précipité de sa mère. Mais le début est dur...On ne sait pas où l'on va...Puis comme par enchantement, la seconde partie du roman nous emporte en Espagne. Une sorte de renaissance, disons une naissance aussi bien pour la mère que pour la fille. Là où Luce grandit, devient femme, devient amour et pardon. Maryvonne Rippert signe ici un magnifique roman d'apprentissage sur la vie, l'amour, la haine, le pardon et tous ces sentiments si forts et si contradictoires qui tissent des personnages d'une grande force. Luce devient "belle", elle quitte le metal pour la clarinette et se revèle majestueuse. Elle a peur mais elle s'accroche. Elle apprend la vie, affronte le passé douloureux de sa mère. Débordant d'authenticité ce roman coule comme une musique : au début c'est fougueux, colérique voire violent puis les mots changent, l'écriture s'affirme en même temps qu'évolue Luce et tout se finit dans une étrange sérénité, un calme emplit d'amour et de confiance. C'est émouvant, la musique nous fait vibrer. Un coup de fouet...
"Quand la musique déroulait son ruban sensuel, leurs regards se cherchaient, andante, se croisaient allegro, s'unissaient fortissimo, leurs souffles s'accordaient, et le garçon brodait autour du thème de Luce de petites variations malicieuses qui la laissaient ravie. Inconscient d'échanger leurs âmes, leur duo tissait une complicité qui les dépassait. Le morceau terminé, ils baissaient les yeux, essoufflés et heureux comme s'ils avaient fait l'amour, alors que jamais, jamais ils ne s'étaient touché même la main."
Info +: Pour ceux qui habitent près de Lyon, l'auteur sera en dédicace à Decitre Saint-Genis Laval le 6 mars après-midi.