Hachette Romans
Traduit de l'anglais par Christophe Rosson
Mai 2017
395 pages
18 euros
Roman ados dès 14 ans
Thèmes : Dystopie, Young Adult, Société
Quatrième de couverture : Parfois, il faut choisir l'imperfection pour être Parfait. Dans le monde de Celestine North, chaque citoyen doit être Parfait. Quiconque commet la moindre erreur se voit marqué du sceau de l'Imperfection. Pour qui a pris une mauvaise décision : c'est sur la tempe. Pour qui a menti : la langue. Pour qui a commis un vol : la paume de la main droite. Pour qui s'est montré déloyal : le coeur. Pour qui s'est écarté du droit chemin : la plante du pied droit. Celestine mène une vie parfaite au sein d'une famille parfaite et au bras du petit ami parfait. Elle pense incarner l'idéal de la société. Et si Celestine s'était trompée ? Si c'était le système lui-même qui était Imparfait ?
Autant vous dire que Cecelia Ahern en Young Adult, ça ne se loupe pas! J'étais très impatiente et assez curieuse de voir ce que cette auteure de romans sentimentaux (j'ai lu et adoré PS I like you) allait nous réserver pour son premier roman dystopique à destination d'un public adolescent. Et je n'ai pas été déçue, j'ai même adoré et je me suis pris des émotions violentes en pleine face...
L'histoire de Celestine North est ce qu'elle est, une histoire d'injustices, de révolte face à une société idéaliste, utopiste qui a érigé la règle de la Perfection. Evidemment cela passe par tout un tas de règles à respecter, autant que dans Delirium de Lauren Oliver et dans la saga Uglies de Scott Westerfeld où l'on part d'une société en apparence parfaite avec le même schéma de l'héroïne déviante et marginale qui va découvrir que finalement cette société est une vaste machination. En cela j'ai trouvé que Destiny ne renouvelle pas franchement le genre de la dystopie YA et n'épargne pas quelques facilités ou ficelles MAIS c'est brillamment écrit, à la fois très poignant et addictif.
On se prend vite d'affection pour Celestine North dont la vie ressemble à l'image des Parfaits : elle est docile, intelligente, brillante, gentille, belle. C'est la petite amie du fils du Juge Crevan, président de la Guilde de la Perfection. Elle a tout d'une belle vie conforme aux lois de sa société, formatée pour penser comme les autres. Jusqu'au jour où dans un bus, elle vient en aide à un Imparfait, à l'article de la mort. Pour une histoire d'emplacement, le drame survient et à partir de là l'action et les rebondissements vont s'enchaîner. C'est révoltant et l'auteure va susciter énormément d'émotions et de compassion car Celestine va être arrêtée et emprisonnée pour un acte jugé condamnable alors qu'à nos yeux non. Elle va être jugée pour un acte d'humanité, fait avec son coeur. Alors forcément on crie au scandale, on hurle devant le roman, on a le coeur qui bat, on a envie de cogner le Juge Crevan qui va la condamner à plusieurs marques au fer rouge. C'est injuste, cruel, odieux mais l'héroïne va trouver la force de rester fidèle à ses convictions. C'est là que réside toute l'intensité du roman.
Certains passages m'ont fait passer par des émotions violentes et très profondes car Destiny touche à des thèmes universels et ce que va vivre l'héroïne est extrêmement dur, surtout que le Juge Crevan ne va pas se faire prier pour abuser de son pouvoir. Je l'ai trouvé carrément plus odieux que le Président Snow dans Hunger Games car plus sournois, plus sadique. Par pur esprit de vengeance, sous prétexte que Celestine ne se plie pas à sa volonté, il va commettre un acte horrible. On est surtout dégoûtés par toute la machine stratégique car le cas de Celestine va se retrouver au centre de tensions politiques et de jeux de pouvoir.
Quant à Celestine, c'est une héroïne exemplaire et courageuse. On ne peut qu'admirer sa force de détermination, son acte qui n'a été guidé que par la conscience, son esprit de logique et sa bonté humaine. Comment peut-on être condamné pour avoir aider son prochain? La scène du bus est également très forte et insoutenable car le lecteur est tout en tension, il sent le drame, la tournure qui va faire pencher l'intrigue. La scène du bus étant assez significative et symbolique puisqu'elle rappelle le cas de Rosa Parks. Imparfaits ou Noirs, finalement peu importe puisqu'on enlève ses droits à un citoyen qui est jugé marginal et qu'on maltraite en l'insultant, en lui crachant dessus... Racisme, imperfection... même combat et c'est pourquoi Destiny est une dystopie bouleversante et déchirante.
Bien sûr, l'intrigue va suivre son cours : Celestine va essayer de continuer son chemin, en essayant de retrouver son voisin de cellule qui l'a aidé dans les épreuves qu'elle a traversé. Il y a aussi les medias qui cherchent à connaître la vérité et le cas de Celestine va défrayer la chronique! Elle va se retrouver comme figure essentielle, porte parole d'un groupe de résistance... Il y a ses relations complexes avec sa soeur et sa famille...
Inutile de vous en dire plus, sachez que l'intrigue est excellente, que le rythme est haletant, parfois épuisant moralement parce qu'il y a beaucoup d'actes cruels et écoeurants. On passe par des coups de colère, le coeur qui bat, les larmes aux yeux devant tant d'injustices... on vit au sens propre cette lecture. Mais au final, c'est addictif, efficace, et le plaisir de lecture est frénétique surtout que la fin se termine sur une scène qui laisse présager une suite de dingue! Autrement dit j'ai adoré, c'est un coup de coeur et même si il n'y a rien de révolutionnaire, c'est tellement bien fait qu'on est pris dedans!