Editions Robert Laffont
Collection R
Traduit de l'anglais par Frédérique Le Boucher
Septembre 2017
479 pages
17,90 euros
Young Adult dès 15 ans
Thèmes : Ecologie, Dystopie, Esclavage
Quatrième de couverture : Il suffit d'un grain de sable pour faire s'écrouler un empire. Une page s'est tournée dans l'histoire de l'humanité depuis que les dérèglements climatiques ont rendu la plus grande partie du globe inhabitable. Puis a eu lieu la révolution orchestrée par les Loups, un puissant groupe armé. Ce jour-là, ils ont pris le pouvoir. Ce jour-là, ils ont tout pris à Eden, qui n'a rien vu venir. La voilà désormais détenue dans un camp de travail sous haute sécurité. Son seul espoir ? Gagner l'île de Sanctuary dont lui a parlé son père, le dernier territoire encore neutre. Mais quand Eden parvient finalement à y accoster avec d'autres évadés, l'île se révèle encore plus dangereuse que leur précédente prison...
L'empire de sable est une dystopie écologique qui m'a beaucoup plu mais qui parfois m'a un peu perdu dans son évolution... ce qui doit être l'effet "Lost". En effet avant de commencer ce roman, lorsque j'ai lu "à la croisée du Labyrinthe et de la série Lost", une série que j'adore et que j'ai suivi avec attention, je me suis dit que ça promettait une intrigue originale et complexe.
Tout d'abord ce qu'il faut retenir de cette dystopie c'est la mise en place excellente de l'univers et du contexte par lesquels Eden est arrivée sur cette plage, avec une volonté de fer, celle de fuir un groupe appelé les Loups. Suite aux nombreux dérèglements climatiques, une série de cyclones, typhons et ouragans ont détruit et réduit la Terre inhabitable. Nous sommes en 2051. Il n'en reste qu'une succession d'îles, l'ensemble de la terre étant recouverte d'eau. Une idée qui n'est certes pas nouvelle car avec Les Pluies de Vincent Villeminot et Gary Cook, nous partons dans ce même constat pour créer une société dystopique. Mais ce qui m'a plu c'est surtout la manière pertinente et convaincante dont l'auteure nous explique comment le chaos est survenu et comment un groupe dominant Les Loups a pris le pouvoir, réduisant à l'esclavage le reste de la population, créant une nouvelle guerre mondiale. A partir des inégalités sociales, entre riches et pauvres, les Loups ont fait un coup d'état, renversant et inversant le rapport de force, annihilant les classes moyennes...puisque désormais avoir de l'argent était inutile, les armes sont la nouvelle richesse du peuple... Les riches sont soit tués, soit réduits à l'esclavage dans des goulags sur la plage.
Ainsi Eden se retrouve dans un camp de travail forcé et cherche à fuir la plage. Elle a caché un bateau et son plan fonctionne jusqu'au moment où tout explose et les gens paniqués fuient sur une plage minée, les soldats tirant à l'aveugle. Au milieu des corps, des mines, des balles perdues, Eden réussit à s'échapper avec d'autres rescapées... Une fois à bord, la destination est celle de Sanctuary, une île sur laquelle le père d'Eden, célèbre ingénieur travaillait pour échapper au conflit mondial. Une île de paix, une île d'espoir... mais cette île existe-t-elle vraiment ? Sera-t-elle ce nouveau lieu d'espérance et d'accueil...
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. En tout cas, L'empire de sable a une intrigue plutôt bien ficelée et dès que les héroïnes sont sur l'île, tout devient addictif et dangereux, frôlant l'irréel et jouant sur les manipulations mentales et les dérives scientifiques. L'intrigue est donc pleine de rebondissements, d'action, de suspense et je vous mets au défi de découvrir de quoi il retourne. Alors oui on retrouve des airs de Lost grâce à une écriture assez visuelle, un scénario en somme très cinématographique et on imagine sans mal les décors à la fois paradisiaques et cauchemardesques voire claustrophobes et oppressants. Les héroïnes vont traverser des épreuves assez incroyables et on va sans cesse osciller entre réalité et fiction, entre illusion et imagination, entre technologies futuristes et manipulations mentales. Bref c'est assez renversant et l'auteure a tout bien pensé pour nous tenir en haleine, avec une écriture très forte qui bascule toujours entre suspense et tension, entre stress et émotions, le thème de la survie étant omniprésent.
Alors bien sûr, j'ai trouvé certaines similitudes avec d'autres dystopies et d'autres références littéraires, mais aussi bien au niveau de l'intrigue qu'au niveau de l'écriture et des personnages à la psychologie complexe... ce roman fonctionne plutôt bien et saura vous captiver, en tout cas, pour ces décors et sa tonalité, entre réflexion et tension. Ceci dit, pour le thème de la dystopie écologique, je rejoint l'avis général... oui au début nous sommes dans une réflexion écologique sur nos dérives environnementales mais progressivement on bascule dans un roman de type science-fiction qui bien des fois m'a rappelé la trilogie de Scott Sigler The generations...