Editions Lynks
Septembre 2017
192 pages
13,90 euros
Roman ado dès 13 ans
Thèmes : Dystopie, Réflexion, Société
Quatrième de couverture : Il y a le phare, où Mem mène une existence de captive, coincée entre son frère Sam et l’inquiétant Joris. Il y a le quotidien, morne et gris, la peur au ventre, peur d’être frappée, peur de prononcer un mot interdit, peur de déployer ses ailes, et qu’elles lui soient arrachées. Il y a le rêve, aussi, toujours le même, qui l’aide à tenir le coup. Jusqu’au jour où le refuge du trio est attaqué. Libre presque malgré elle, Mem s’en va sans un regard en arrière.
Une écriture poétique, vive, contemporaine et incisive qui raconte l'histoire de Mem, abandonnée et livrée à elle-même dans un monde dévasté. Elle mène une existence difficile, où elle craint sans arrêt d'être frappée ou violentée par son frère Sam. Ils habitent à trois dans un phare dans un monde en ruines où tout a été oublié. Les rêves, l'espoir, l'amour, la bonté, les livres, les mots, la famille... toutes les choses heureuses ont disparu jusqu'au nom de chacun. Un jour, le phare est attaqué et Mem est la seule survivante. Elle a l'intime conviction qu'elle doit aller de l'avant. Autre chose l'attend quelque part ou nulle part mais elle doit essayer. Affrontant la pluie, le froid, la grisaille, le désespoir, elle parvient à trouver refuge chez une rescapée qui lui confie les secrets de la lecture et de l'écriture et lui remémore certains souvenirs du passé.
J'avais déjà lu ce roman à sa sortie et je l'ai posé sur ma pile à chroniquer. Il s'agit donc d'une relecture et j'ai retrouvé cette impression étrange, à la fois mélancolique et lumineuse, dramatique mais pleine d'espérance où l'héroïne est une battante. La première chose qui est étonnante dans le roman, c'est le contexte. On est dans une société ravagée, on présume post-apocalyptique dirigée par un système totalitaire qui a annihilé et brûlé tous les livres. Dans ce monde, parler du passé, évoquer les souvenirs heureux en famille, ou se remémorer la signification des mots, des choses sont interdits jusqu'à dire à haute voix son prénom.
On ne sait ni où, ni quand l'action se déroule et le texte fort, percutant, et troublant d'une société qui a
qui a oublié l'espoir suggère, dit beaucoup par son intensité émotionnelle. C'est un roman troublant mais qui exprime ce qu'est le devoir de mémoire. Mem n'a pas vécu des choses faciles mais elle garde en elle une capacité extraordinaire : celle d'aller de l'avant car avancer c'est survivre. Ainsi Christine Féret-Fleury nous offre un récit à la fois beau et poétique, rythmé qui s'inscrit dans la lignée des romans "survival" comme La route (roman), Les fils de l'homme (film) et m'a rappelé par son intrigue et sa beauté le roman de Yoko Ogawa : Cristallisation secrète pour son thème. Bien sûr il y a des passages durs, des mots qui perturbent, des scènes violentes et l'écriture très expressive de Christine Féret-Fleury joue sur cette émotion provoquée, suscitée. C'est un texte qui nous interpelle.
Un roman fort qui au début m'a énormément bouleversé car le propos est dur et grave mais qui petit à petit se dirige vers une belle rencontre où la complicité renoue dans un monde sombre. Il y a des passages émouvants et porteurs de sens pour une écriture qui ne laisse pas indifférent. J'ai beaucoup aimé même si j'en ressors dépaysée par la profondeur universelle et sa portée existentielle...