Presses de la Cité
Traduit de l'anglais par Valérie Malfoy
Avril 2018
205 pages
18 euros
Thriller
Quatrième de couverture : Un garçon et une fille, dans une voiture lancée à travers la campagne enneigée. Il est absorbé par la route, elle est perturbée par des souvenirs brumeux, ainsi que par d'incessants appels provenant de son propre numéro. Parfois, ils parlent. S'aiment-ils ? Quelques heures plus tard, les voilà attablés face à leurs hôtes, ses parents à lui, dans une ferme reculée. La maison est glaciale, la mère se plaint d'entendre des voix, le couple stocke au sous-sol des peintures inquiétantes. Le fossé entre les deux amants se creuse, sous le poids de tous les non-dits. Et il y aussi cette angoisse, qui a point et ne cesse de grossir, jusqu'à ce que se produise l'innommable... Distillé par un climat de terreur sans objet à la Stephen King, qui prend le lecteur en otage jusqu'à la chute, un thriller métaphysique sur l'incapacité du couple et la tentation de l'exil littéraire.
Un jeune couple tout fraîchement formé roule à travers la campagne canadienne pour rejoindre une ferme isolée. Pour la première fois, la femme va rencontrer les parents de son petit ami. Mais durant tout le trajet, elle pense qu'elle devrait mettre fin à sa relation avec Jake. Une impression étrange ne la quitte pas, comme un danger, une menace qui la guette... puis ces coups de fil qui la harcèle depuis son propre numéro. Chez les parents de Jake, l'impression que quelque chose cloche persiste, encore plus glaciale que dans la voiture. Les parents sont mal à l'aise, la mère se plaint d'entendre des voix. Aussitôt le repas terminé, elle souhaite partir malgré l'invitation à rester dormir. La neige a commencé à tomber... Il est temps d'en finir...
Je sens grandir ma peur est un thriller qui se lit d'une traite et qui est très addictif grâce à une écriture particulière, à la fois efficace et angoissante. Tout le long de l'intrigue plonge le lecteur dans un huis-clos intimiste, assez spécial, très étrange, parfois dérangeant et toujours avec une idée sous-jacente, celle d'en finir. Le rythme est sacrément bon mais je vous avoue que cette impression persistante que quelque chose cloche imprègne tellement l'ambiance que c'est perturbant. On sent que le passé ou Jake est un personnage trouble, que la maison n'est pas nette, même les parents... puis finalement quand enfin les deux protagonistes s'en retournent chez eux, on ne comprend pas trop où l'auteur veut en venir. Puis le final est renversant et on est embarqué dans une course complexe où l'on ne sait plus trop qui est qui, qui veut faire quoi! A la fin j'ai refermé ce roman avec perplexité car je n'avais pas tout compris mais en y réfléchissant j'ai trouvé mon hypothèse. D'ailleurs ce roman de par son suspense psychologique final et cette tension qui devient de plus en plus asphyxiante m'a rappelé Mon amie Adèle, un autre thriller au final bluffant.
En bref, une très bonne lecture qui m'a bluffé et que j'ai lu avec avidité car l'ambiance est réussie. Sans jamais mettre le pourquoi du comment, Je sens grandir ma peur offre un thriller déstabilisant qui pourra perturber le lecteur grâce à un style littéraire riche, saccadé comme meurtri. Une très bonne entrée en matière pour cet auteur canadien qui signe là son premier roman.