Editions J'ai Lu
Traduit de l'anglais par Laurent Strim
A PARAITRE EN OCTOBRE 2012
542 pages
14,90 euros
Roman ado à partir de 14 ans
Thèmes : Science-Fiction, Dystopie, Totalitarisme
"Nous savons que vous êtes là, nos frères et soeurs.
Un jour, nous sortirons du Dôme pour vous rejoindre dans la paix.
Pour l'heure, nous vous observons de loin, avec bienveillance."
Un jour, nous sortirons du Dôme pour vous rejoindre dans la paix.
Pour l'heure, nous vous observons de loin, avec bienveillance."
Après les Détonations, Pressia Belze, bientôt 16 ans vit avec son grand-père dans un monde post-apocalyptique dans lequel les êtres humains ont fusionné avec des objets. Elle se souvient à peine de l'Avant, cette société pleine de vie avec ses fêtes, ses anniversaires, ses parcs d'attraction ou encore les cinémas où les gens portaient des lunettes 3D. Après les Détonations, le monde s'est désillusionné, fait de cendres, de poussières, de terre brûlée. Parmi les décombres et les ruines, les gens errent. A 16 ans fraîchement passés, les adolescents sont enlevés par une Milice nommée ORS Opération Révolution Sacrée qui a renversé l'Opération de Recherche et de Secours plutôt pacifique. La nouvelle organisation de l'ORS est de rétablir l'ordre dans le chaos en créant la peur, la terreur, en kidnappant les jeunes pour les former et les entraîner en tant que soldat. Leur volonté étant de détruire le Dôme. Le Dôme? Quelle est cette entité? Cette sphère brillante que l'on voit au loin. Un lieu sécurisé, où les Purs sont enviés et nous observent tels des dieux avec bienveillance. Car pendant les Détonations, avant la grande catastrophe, il y a ceux qui purent intégrer à temps le Dôme et ceux qui sont restés, livrés à un état hybride et de santé déplorable, devenant des corps accidentés, mutilés, métamorphosés. Pressia rêve d'y entrer alors que Partridge, un Pur, veut en sortir pour voir ce qu'il y a à l'extérieur, convaincu que son père ne lui dit pas tout sur l'origine des Détonations et la mort de sa mère...
J'ai mis beaucoup de temps à "rentrer" dans ce monde que décrivait Julianna Baggott. J'avais beaucoup de mal à imaginer l'atmosphère physique d'humains fait que de cicatrices, de marques. Puis plus on progresse dans le roman, plus on saisit toute la portée philosophique que veut insuffler l'auteure à son oeuvre et notamment sur cette peur liée à l'autodestruction. Les Détonations, c'est le risque de la bombe atomique et de la guerre nucléaire qui plane sur notre planète depuis la Seconde Guerre Mondiale et Hiroshima. Il y a le Dôme qui apparaît comme une entité supérieure, omnisciente, là où certains ont pu se réfugier, sains, purs, sans corps meurtris. La grande force de Pure réside dans son scénario au suspense passionnant : Pressia cherchant le moyen d'y entrer et Partridge cherchant à en sortir pour enfin comprendre ce monde trop rigide dans lequel ils ont évolué.
Les deux personnages vont se croiser et leurs certitudes vont voler en éclats car l'un comme l'autre, ils sont convaincus que la vérité se trouve paradoxalement ici sur le sol radioactif et ailleurs, dans le Dôme. C'est également deux visions du monde qui s'opposent : celle de l'horreur, du monstrueux, à celle de la "beauté, du protégé.
Bien que le roman soit particulièrement long, la lecture est puissante visuellement. Les scènes de descriptions des fusions sont violentes. Pressia a une tête de poupée à la place de la main. C'est un monde bancal, malade et trouble dans lequel il faut survivre pour sa liberté. Malgré toute cette dureté, il en ressort de l'espoir, de l'amour, du courage. J'ai particulièrement apprécié l'imagination créatrice de Julianna Baggott qui me rappelle un peu le registre "steampunk" et m'a permis de me remémorer l'originalité stylistique de Lombres de China Miéville : l'agglomération ou le fait de fusionner deux éléments différents. En effet, au moment des explosions, les radiations ont provoqué une modification majeure de l'humain. Les personnes ont fusionné avec ce qu'elles touchaient à ce moment là : objet, animal, minéral...donnant naissance à des monstres, des humains hybrides. C'est complexe et très intéressant à comprendre.
Un roman d'une originalité certaine pour son sujet et toute l'imagination qui en découle. Avec Pure, la littérature Young Adult touche à ce qu'elle a de plus fascinant : cette passerelle entre le roman d'apprentissage et le roman de réflexion existentielle. Le genre dystopique est à la mode mais Julianna Baggott a su créer un univers né d'un cauchemar, dont le réalisme frappant et plutôt effrayant saisit le lecteur.
En savoir plus :
-le site de l'auteure : http://www.juliannabaggott.com/
Un grand merci à Silvana et aux éditions J'ai Lu.