Editions J'ai lu
Paru en Septembre 2014
382 pages
14 euros
Quatrième de couverture : Années 1980: Mélodie, une jeune Cannoise, commence son journal intime. 1964 : Yann, un Français habitant New York, semble avoir laissé sa vie derrière lui. Vingt ans plus tard à San Francisco, Benoît voit son couple se déliter alors même que sa carrière de pianiste connaît une envolée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, deux résistants, Alceste et Agnès se découvrent amoureux grâce à leur correspondance. Celle-ci sera ouverte, un demi-siècle plus tard, par une vieille dame aux pensées habitées par les hommes qu'elle a aimés. Cinq voix s'élèvent à travers le temps et l'espace pour tenter de saisir leur chance, de comprendre leur vie, de mettre des mots sur le sentiment amoureux. Destin, hasard ou fatalité, un seul être peut savoir ce qui les lie : le lecteur.
"L'œil du prince, dans un théâtre est l'angle de vue permettant de visualiser la perspective du décor sans déformation. Le terme vient du théâtre classique. L'œil du prince permet de voir la salle de façon symétrique. C'est aussi, en regardant de la salle vers la scène, la place d'où
l'on voit le mieux le spectacle. En général, c'est le siège que choisit
le metteur en scène lors des dernières répétitions, car c'est pour lui,
l'endroit idéal. Cette place de choix se situe aux environs du septième
rang, au centre de la rangée." Définition Wikipédia.
Ce roman met en scène cinq voix : celles de Mélodie, Yann, Benoît, Alceste et Agnès que l'on suit pour chacun à travers leurs écrits, leurs pensées, leur évolution à un moment donné de leur parcours. Les deux premiers personnages m'ont beaucoup touché. Mélodie, 17 ans, vit à Cannes dans une famille bourgeoise qui se désintéresse de ses choix, de son âme d'artiste. Elle brûle ses journaux intimes et se réfugie dans le Grand Bleu, film qui vient de sortir pour le festival. Pour la première fois, elle va assister à une représentation du film en direct du festival. Jeune fille réservée, elle voudrait réaliser ses rêves face à la superficialité de sa famille. Yann, français vivant à New-York vient de vivre un drame familial qui l'a anéanti. Il veut quitter New York mais surtout il se demande s'il doit continuer à vivre ou bien mourir. Seconde Guerre Mondiale : nous suivons la correspondance secrète de deux résistants qui apprennent à se connaître et tombent amoureux. Anna plonge peu à peu dans ses souvenirs...
Quel est le lien entre tous ces personnages? On peut regarder l'arbre généalogique en début du roman pour comprendre cette lignée familiale ou bien tout simplement se laisser bercer par la plume délicate et intimiste de Frédérique Deghelt. L'auteur nous entraîne vers la vie et décrit tous les sentiments qui s'y rattachent : amour tendre ou bien amour charnel, la joie, la tristesse, le deuil, le désir, le plaisir des choses simples. Elle nous interroge sur la notion de bonheur ou bien de tragédie, sur les liens qui se font ou se défont entre les êtres humains. L'oeil du prince nous parle de la vie, de ces destins entremêlés, du temps qui passe et de nos pensées qui demeurent.
Ce que l'on retient avant tout, lecteurs, c'est la construction du roman qui place la transmission au coeur des personnages. Fatalité ou bien hasard, coïncidence, tout ce qui nous arrive n'est ni bien ni mal. Cela fait partie d'un vaste plan, celui de la destinée et chaque évènement de notre vie peut être relié, lié à un autre. Il en ressort un roman d'une grande finesse et sensibilité, plein de poésie contemporaine, de ces phrases importantes qu'on aime à retenir pour nous aussi, nous permettre de vivre nos évènements familiaux.