Ecole des Loisirs
Collection Medium
Traduit de l'anglais par Frédérique Pressmann
Paru en Octobre 2014
390 pages
19 euros
Roman ados dès 13 ans
Thèmes : Dystopie, Science-fiction, Société
Quatrième de couverture : Les pêcheurs l’ont surnommée Claire de l’eau. Quand ils l’ont arrachée aux flots et ramenée au village, la jeune naufragée ne se souvenait de rien, sauf de son prénom. Personne ne sait qu’elle a grandi dans la communauté, une société où les couleurs et les émotions sont interdites. Personne ne peut imaginer qu’elle a été programmée pour être mère porteuse, qu’elle a été inséminée à l’âge de quatorze ans, qu’elle a eu un fils, qu’on le lui a arraché. Depuis, Claire n’a plus jamais été la même, obsédée par cet enfant qu’elle a tenu une seule fois dans ses bras, hantée par ses boucles blondes et ses yeux clairs. Elle fera tout pour retrouver son fils, jusqu’à accepter un terrible sacrifice…
A propos du Passeur : "En tant que futur passeur, Jonas est le dépositaire d'une mémoire faite de rêves communiqués par son mentor. Il
apprend ce qu'est la souffrance, la guerre, la douleur physique et les
quelques consolations de bonheur ne sont rien comparé au vol de la
mémoire. Jonas porte un poids qu'il
ne peut partager et découvre les couleurs, la neige, la sensation du
soleil sur la peau. J'ai trouvé ce roman très beau et bien écrit. L'intrigue s'étend progressivement vers un récit existentiel, teinté de nostalgie et d'une profonde mélancolie.
Que ferait-on d'un monde sans saveurs, où tout est fade et sans goût ?
Faut-il oublier pour être heureux ? ou au contraire se souvenir malgré
la douleur et avancer ?"
Avec Le fils, Lois Lowry termine la quadrilogie commencée avec Le Passeur, L'Elue et Messager. J'avais beaucoup aimé Le Passeur où l'on suivait Jonas dans son apprentissage de la société, des émotions et de la vie. Dans Le fils, Jonas est bébé. Sa mère Claire est un réceptacle, autrement dit un produit de la société, une mère porteuse. A la naissance de son enfant, Jonas lui ai arraché. Il vivra chez une autre famille.
Le roman est ainsi divisé en plusieurs parties : Avant - Entre deux - Au-delà. Dans la première partie, on est déchiré par le personnage de Claire qui découvre l'amour maternel, l'instinct de protection. Elle reconnaît son bébé et n'aura de cesse de veiller, de loin sur lui. Car tout contact entre une mère biologique et son enfant est interdit. Le rythme est lent et invite à la réflexion existentielle. C'est aussi très émouvant et touchant car les pensées de Claire sont orientées vers son affection pour son fils, elle fait preuve d'un grand courage. Elle qui n'est perçue que comme une "pondeuse", n'a pas le droit de s'autoriser à aimer son propre enfant. On voit que la société développée par l'auteure est dure et complexe. Elle n'est que le début de ce que sera Le Passeur : une société froide et policée sans émotions, où il est interdit de "ressentir".
J'aurais néanmoins aimé plus de détails sur le fonctionnement d'une telle société dystopique. Malheureusement l'auteure ne donne aucune clés concernant la création de cette société futuriste. Comment cela a commencé ? Pourquoi de tels choix ?
Les thèmes abordés sont importants et efficaces : la procréation assistée, la manipulation des corps, le contrôle des populations, l'eugénisme... J'ai moins accroché au côté fantastique du roman à savoir la figure du "commissaire troqueur", sorte de figure symbolique du mal qui apporte au récit une part moralisatrice et manichéenne inutile à mon sens. Néanmoins Le fils clôt magistralement une série au rythme sensible et subtile, évoquant la vie, la mort, l'amour avec force et qui apporte son originalité dans la littérature de jeunesse actuelle.