Editions Gaïa
197 pages
RENTREE LITTERAIRE 2009
Littérature française
Quatrième de couverture : « Victor ouvrit un cahier et prit sa plume. Sa main tremblait au moment d’écrire le premier mot du texte qu’il découvrait. D’un geste méthodique et lent, il traça de grosses lettres capitales sur la feuille. » Le manuscrit dactylographié en roumain que Victor Luca s’apprête à recopier est un livre interdit car, en cette année 1972, Ceauşescu est au pouvoir et les temps sont à la répression.
Pourquoi Victor écrit-il ? Pour oublier l’odeur de la mandragore qui émane parfois des corps sans vie de jeunes filles ? Pour combler le vide des jours de solitude et d’enfermement ? En attendant la nuit et ses promesses d’évasion vers la forêt, immense et mystérieuse, toute proche ? Peut-être pour trouver la paix, qui tarde à venir."
A propos de l’auteur : Liliana Laza est née en Moldavie roumaine. Elle a passé l’essentiel de son enfance dans la grande forêt qui borde le village de Slobozia, où son père était garde forestier. Elle arrive en France en 1996. Elle vit à Gap, aux pieds des Alpes. Liliana Lazar écrit en français. Voici son premier roman.
Moldavie Roumaine, 1965 au début des années 90. Un village appelé Slobozia ou terre des affranchis pour celui qui se cache ou celui qui médite après un grave péché. Slobozia signifie délivrer. Victor Luca connaît bien la forêt qui borde le village, et cet endroit dont tout le monde a peur La Fosse aux Lions. Alors qu’il a commis un meurtre sauvage mais non prémédité, Victor décide de s’y cacher. Les superstitions et les croyances locales sont persistantes et vives, personne ne viendra l’embêter dans cette forêt qu’il connaît par cœur. Un lien inexplicable s’est crée entre lui et cet endroit particulier, un lien maternel, rassurant. On dit que des fantômes hantent les lieux, et de nombreux cadavres sont retrouvés dans cette forêt mystérieuse. Mélange d’Histoire et de folklore local, Slobozia est le théâtre d’une Moldavie roumaine forte de son patrimoine culturel et religieux. Mais alors que Victor est recherché, sa mère et sa sœur font le choix de le protéger au sein du foyer. Seul, tourmenté, réfléchissant à ses actes et acculé par sa culpabilité, Victor se tourne vers la méditation, notamment grâce à l’activité clandestine d’un prêtre qui, en résistance au parti communiste, organise un réseau de copiage des œuvres religieuses afin de les faire circuler librement alors que le gouvernement fait brûler tous les livres. Victor se met à écrire pour le prêtre, armé de sa plume, de son papier, il recopiera pendant des jours et des nuits des vies de saints, des bibles et autres écrits spirituels et cela en quête d’un sincère repentir. Le prêtre espère ainsi que Victor trouvera la paix en lui et ne recommencera pas cet acte horrible. Victor croit fortement à sa rédemption et se bat pour le salut de son âme. Hélas, ce pèlerinage pour la délivrance tarde, pire encore il semblerait que Victor n’arrive pas à surmonter ses pulsions meurtrières…
Pour son premier roman, Liliana Lazar dépeint avec brio une Moldavie roumaine passionnante et vivante. Et cela tant au niveau culturel et religieux qu’au niveau politique. A travers l’histoire de Victor Luca, un personnage à la psychologie ambiguë, entre son penchant meurtrier et sa volonté déclinante de le combattre, le roman inscrit l’intrigue au cœur d’un contexte politico-religieux. Les personnages surtout Victor sont attachants, même si je retiens de lui sa personnalité impulsive, obsessionnelle qui l’empêche de réfléchir au bien et cède avec une facilité déconcertante au crime. Au fil du texte on comprend que Victor est le reflet d’une Moldavie en proie aux doutes, au mal, où l’interdit du péché et le poids des superstitions restent présents dans les mentalités. La vie du village est aussi un miroir de la Roumanie contemporaine : sa foi quotidienne, la méfiance, le respect des règles notamment celles de l’Eglise orthodoxe. Après un prologue majestueux, riche en informations et suscitant à l’extrême un suspense progressif, on ne peut que vouloir lire la suite. A lui seul, il pose en quelques pages le cadre de l’intrigue : La Fosse aux Lions, lieu dangereux où règne en maître les Moroï, des morts-vivants qui errent et font de ce lieu un endroit maudit et craint de tous les villageois. Lorsqu’on y découvre un corps, le lecteur se pose tout un tas de questions mais l’auteur nous laisse là et entame son récit avec la présentation de Victor Luca…
Avec subtilité, Liliana Lazar pose les traits saisissants d’un roman empreint d’une forte prestance car en plus d’une intrigue intéressante, les informations que l’on trouve sur la vie en Moldavie sont vraiment nécessaires et rendent le roman encore plus puissant. L’écriture de Liliana Lazar est fluide et limpide, même les descriptions sont agréables à lire, son style ne souffre d’aucune longueur. J’ai beaucoup aimé ce contraste entre la nature et l’acte des hommes, car les personnages se réfugient au cœur de la forêt comme si la nature est le lieu où la sérénité apparaît après la perfidie de l’homme. Le pur et l’impur, la nature pour laver ces péchés. Ce thème est présent, la nature comme endroit de la méditation, du zen, de la paix intérieure. Mais j’ai surtout apprécié son caractère mystérieux, toutes ces superstitions autour de la forêt de Slobozia regorgent de contrastes, de couleurs et de fragrances. La dimension spirituelle est riche et fait toute l’importance du livre. Les coutumes, les traditions locales mais également des descriptions sur la révolution de 1989 et la dictature de Ceausescu n’épuisent en rien la qualité de l’intrigue car on sent que les personnages sont ancrés dans la vie quotidienne roumaine. D’ailleurs, l’une des raisons qui ont fait que j’ai accepté l’ouvrage tient à ce point essentiel : je voulais mieux connaître la Roumanie. Et je n’ai pas été déçue car Terre des affranchis décrit avec sensibilité toutes ces coutumes, cette vie locale. Enfin, bien qu’il y ait du suspense, une enquête, le roman ne s’inscrit pas dans une catégorie bien définie et c’est vraiment agréable : la subtilité et la multiplicité des genres, entre roman policier, documentaire et roman historique ; font de Terre des affranchis un roman de grande qualité. Pour ma part, j’étais curieuse de mieux connaître la Roumanie et son mode de vie, je me doutais grâce à la quatrième de couverture, que l’histoire était captivante…Conclusion : je n’ai pas été déçue, dès les premières pages on est pris dans le tumulte des Moroï qui nous guident et nous emportent dans un flot de découvertes originales.
Littérature française
Quatrième de couverture : « Victor ouvrit un cahier et prit sa plume. Sa main tremblait au moment d’écrire le premier mot du texte qu’il découvrait. D’un geste méthodique et lent, il traça de grosses lettres capitales sur la feuille. » Le manuscrit dactylographié en roumain que Victor Luca s’apprête à recopier est un livre interdit car, en cette année 1972, Ceauşescu est au pouvoir et les temps sont à la répression.
Pourquoi Victor écrit-il ? Pour oublier l’odeur de la mandragore qui émane parfois des corps sans vie de jeunes filles ? Pour combler le vide des jours de solitude et d’enfermement ? En attendant la nuit et ses promesses d’évasion vers la forêt, immense et mystérieuse, toute proche ? Peut-être pour trouver la paix, qui tarde à venir."
A propos de l’auteur : Liliana Laza est née en Moldavie roumaine. Elle a passé l’essentiel de son enfance dans la grande forêt qui borde le village de Slobozia, où son père était garde forestier. Elle arrive en France en 1996. Elle vit à Gap, aux pieds des Alpes. Liliana Lazar écrit en français. Voici son premier roman.
Moldavie Roumaine, 1965 au début des années 90. Un village appelé Slobozia ou terre des affranchis pour celui qui se cache ou celui qui médite après un grave péché. Slobozia signifie délivrer. Victor Luca connaît bien la forêt qui borde le village, et cet endroit dont tout le monde a peur La Fosse aux Lions. Alors qu’il a commis un meurtre sauvage mais non prémédité, Victor décide de s’y cacher. Les superstitions et les croyances locales sont persistantes et vives, personne ne viendra l’embêter dans cette forêt qu’il connaît par cœur. Un lien inexplicable s’est crée entre lui et cet endroit particulier, un lien maternel, rassurant. On dit que des fantômes hantent les lieux, et de nombreux cadavres sont retrouvés dans cette forêt mystérieuse. Mélange d’Histoire et de folklore local, Slobozia est le théâtre d’une Moldavie roumaine forte de son patrimoine culturel et religieux. Mais alors que Victor est recherché, sa mère et sa sœur font le choix de le protéger au sein du foyer. Seul, tourmenté, réfléchissant à ses actes et acculé par sa culpabilité, Victor se tourne vers la méditation, notamment grâce à l’activité clandestine d’un prêtre qui, en résistance au parti communiste, organise un réseau de copiage des œuvres religieuses afin de les faire circuler librement alors que le gouvernement fait brûler tous les livres. Victor se met à écrire pour le prêtre, armé de sa plume, de son papier, il recopiera pendant des jours et des nuits des vies de saints, des bibles et autres écrits spirituels et cela en quête d’un sincère repentir. Le prêtre espère ainsi que Victor trouvera la paix en lui et ne recommencera pas cet acte horrible. Victor croit fortement à sa rédemption et se bat pour le salut de son âme. Hélas, ce pèlerinage pour la délivrance tarde, pire encore il semblerait que Victor n’arrive pas à surmonter ses pulsions meurtrières…
Pour son premier roman, Liliana Lazar dépeint avec brio une Moldavie roumaine passionnante et vivante. Et cela tant au niveau culturel et religieux qu’au niveau politique. A travers l’histoire de Victor Luca, un personnage à la psychologie ambiguë, entre son penchant meurtrier et sa volonté déclinante de le combattre, le roman inscrit l’intrigue au cœur d’un contexte politico-religieux. Les personnages surtout Victor sont attachants, même si je retiens de lui sa personnalité impulsive, obsessionnelle qui l’empêche de réfléchir au bien et cède avec une facilité déconcertante au crime. Au fil du texte on comprend que Victor est le reflet d’une Moldavie en proie aux doutes, au mal, où l’interdit du péché et le poids des superstitions restent présents dans les mentalités. La vie du village est aussi un miroir de la Roumanie contemporaine : sa foi quotidienne, la méfiance, le respect des règles notamment celles de l’Eglise orthodoxe. Après un prologue majestueux, riche en informations et suscitant à l’extrême un suspense progressif, on ne peut que vouloir lire la suite. A lui seul, il pose en quelques pages le cadre de l’intrigue : La Fosse aux Lions, lieu dangereux où règne en maître les Moroï, des morts-vivants qui errent et font de ce lieu un endroit maudit et craint de tous les villageois. Lorsqu’on y découvre un corps, le lecteur se pose tout un tas de questions mais l’auteur nous laisse là et entame son récit avec la présentation de Victor Luca…
Avec subtilité, Liliana Lazar pose les traits saisissants d’un roman empreint d’une forte prestance car en plus d’une intrigue intéressante, les informations que l’on trouve sur la vie en Moldavie sont vraiment nécessaires et rendent le roman encore plus puissant. L’écriture de Liliana Lazar est fluide et limpide, même les descriptions sont agréables à lire, son style ne souffre d’aucune longueur. J’ai beaucoup aimé ce contraste entre la nature et l’acte des hommes, car les personnages se réfugient au cœur de la forêt comme si la nature est le lieu où la sérénité apparaît après la perfidie de l’homme. Le pur et l’impur, la nature pour laver ces péchés. Ce thème est présent, la nature comme endroit de la méditation, du zen, de la paix intérieure. Mais j’ai surtout apprécié son caractère mystérieux, toutes ces superstitions autour de la forêt de Slobozia regorgent de contrastes, de couleurs et de fragrances. La dimension spirituelle est riche et fait toute l’importance du livre. Les coutumes, les traditions locales mais également des descriptions sur la révolution de 1989 et la dictature de Ceausescu n’épuisent en rien la qualité de l’intrigue car on sent que les personnages sont ancrés dans la vie quotidienne roumaine. D’ailleurs, l’une des raisons qui ont fait que j’ai accepté l’ouvrage tient à ce point essentiel : je voulais mieux connaître la Roumanie. Et je n’ai pas été déçue car Terre des affranchis décrit avec sensibilité toutes ces coutumes, cette vie locale. Enfin, bien qu’il y ait du suspense, une enquête, le roman ne s’inscrit pas dans une catégorie bien définie et c’est vraiment agréable : la subtilité et la multiplicité des genres, entre roman policier, documentaire et roman historique ; font de Terre des affranchis un roman de grande qualité. Pour ma part, j’étais curieuse de mieux connaître la Roumanie et son mode de vie, je me doutais grâce à la quatrième de couverture, que l’histoire était captivante…Conclusion : je n’ai pas été déçue, dès les premières pages on est pris dans le tumulte des Moroï qui nous guident et nous emportent dans un flot de découvertes originales.
Fameux mélange de « thriller » spirituel et de folklore fantastique qui puise ses sources au cœur même des croyances tsiganes, Terre des affranchis est un excellent roman digne d’une belle rentrée littéraire.
Ce blog a décidé de s'associer à un projet ambitieux : chroniquer l'ensemble des sites de la rentrée littéraire ! Vous retrouverez donc aussi cette chronique sur le site Chroniques de la rentrée littéraire qui regroupe l'ensemble des chroniques réalisées dans le cadre de l'opération. Pour en savoir plus c'est ici.
5/5 champignons