Actes Sud
Babel
Nouvelles traduites du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
Paru en Octobre 2009
205 pages
7,50 euros
Quatrième de couverture : Une petite fille touchée par l'élégance d'un vieil homme le suit dans son île et devient son alliée face à l'hostilité du monde environnant.Dans la maison vit aussi un hamster, au regard dépourvu de paupières. Une Japonaise prend l'avion pour l'Europe. A ses côtés s'installe un homme qui lui parle puis s'endort. Sa voisine, incapable d'un tel abandon, l'interroge. Dans l'obscurité du vol de nuit, l'inconnu lui révèle alors l'existence des "histoires à sommeil". Une jeune femme part en voyage pour tenter de fuir ses insomnies. En s'éloignant de son pays, de son amant et de ses habitudes, elle espère trouver suffisamment d'étrangeté pour, le soir venu, s'endormir tranquillement.Dormir, s'endormir, s'éloigner du monde pour retrouver le chemin de l'inconscient, tel est le propos de ce recueil de nouvelles à lire comme une très belle introduction à l'oeuvre de Yoko Ogawa, aujourd'hui mondialement reconnue.
A propos de l'auteur : Yoko Ogawa est née en 1962.Elle a obtenu le prix Kaien pour son premier roman publié en 1988, puis le prestigieux prix Akutagawa en 1991. Son oeuvre, qui ne cesse d'être traduite dans le monde entier, est publiée en France par Actes Sud.
Yoko Ogawa est pour moi un auteur important de la scène littéraire japonaise, au même titre qu'un Haruki Murakami. Mes lectures Amours en marge et Cristallisation secrète ont été des instants rares, suspendus dans le temps tellement les mots de Yoko Ogawa sont naturels. Les histoires tout comme les mots entrent en résonnance avec nos émotions. En lisant Les paupières, j'ai encore ressenti cette sérénité, cet apaisement dans les relations humaines et qui nous font apprécier ces moments d'intimité et de complicité. Entre fantastique et poésie, Les paupières est un recueil de huit nouvelles surprenantes. Je ne saurais vous dire laquelle est ma préférée. Elles ont chacune une particularité, une chose à nous raconter.
On y apprend l'existence des "histoires à sommeil" qui aident l'esprit à se détendre et à accueillir le sommeil. On croisera une vieille dame à bicyclette, vendeuse de légumes dont certains brillent la nuit d'une lumière presque surnaturelle. On prendra un cours de cuisine saugrenu, où finalement les élèves n'apprennent rien et assistent à l'évacuation des canalisations d'un évier. Une femme cherche à fuir ses insomnies... Toutes les nouvelles ont un lien avec le sommeil : dormir, s'endormir, ne pas rêver, mourir aussi.
Dans une écriture délicate, onirique et mélancolique, Yoko Ogawa offre un recueil déroutant, qui plonge son lecteur dans une lente torpeur. Les personnages rencontrés contiennent une inquiétante étrangeté comme cette dame collectionneuse d'odeurs, si bien que souvent les choses paraissent irréelles. Pourtant les relations humaines sont décrites avec raffinement, dans un style épuré et sobre : une écriture des sens où même le silence est significatif. Les Paupières est un recueil paré de mystère, chargé d'émotions qu'on ose à peine frôler de peur qu'elles s'évanouissent. C'est ce que j'ai ressenti et ce que je ressens quand je lis du Yoko Ogawa.
Le billet de Pimprenelle sur Hôtel Iris.
Prochain rendez-vous "Découverte d'un auteur" de Pimprenelle, le 29 septembre avec Marie-Aude Murail.