Michel Lafon
Mai 2017
349 pages
18,95 euros
Roman contemporain français
Quatrième de couverture : François, qui s'occupe d'un centre équestre en Bretagne, découvre un jour une jeune femme inconsciente au pied d'un rocher. Prêt à appeler les secours, il se ravise et, sans trop savoir pourquoi, la ramène chez lui pour la soigner. A son réveil, l'inconnue paraît en bonne santé, mais peu encline à s'expliquer. Elle déclare s'appeler Elsa mais refuse qu'on lui pose des questions. Commence alors une étrange cohabitation, où l'un et l'autre se mettent peu à peu à nu sans pour autant totalement révéler les secrets qui les rongent. Et même si ce duo en s'apprivoisant s'apaise, chacun souhaite continuer à se protéger, quoi qu'il en coûte. Qui est Elsa ? Que cache-t-elle ? Quelle vie est-elle en train de fuir ? Un roman à deux voix. Deux voix qui se racontent, et se taisent. Deux voix qui laissent place aux pas des chevaux, au vent qui plie les herbes sur la dune, au ressac sur le rivage et aux souvenirs échoués sur le sable. Plongez dans les eaux vives et profondes de ce roman émouvant.
C'est mon premier roman de Laure Manel et lorsque j'ai commencé cette lecture je ne m'attendais pas à être aussi émue par les mots de l'auteure. Je pense, avec le recul, que lorsqu'on est mère, parent, il y a des choses qui nous affectent encore plus, c'est pourquoi ce roman a su me toucher.
François est directeur d'un centre équestre en Bretagne. Il découvre un jour une jeune femme échouée sur la plage, inconsciente. Prêt à intervenir, il ne tente pas d'alerter les secours et décide de la ramener chez lui sans pouvoir expliquer son geste. Il la soigne, la place dans une chambre d'ami, veille d'un pas léger mais distant sur elle, lui laissant une liberté... Liberté que la jeune femme nommée Elsa n'a pas. A son réveil, l'inconnue refuse de parler ou d'engager une conversation malgré leur cohabitation. François, respectueux laisse le temps nécessaire à Elsa pour se reconstruire sans toutefois l'abandonner totalement à sa quête et sa recherche de vérité...
La délicatesse du homard c'est une belle histoire sur le poids du passé, sur le besoin vital d'un lâcher prise avec la souffrance... une quête de sens, de soi et de rédemption. J'ai beaucoup aimé l'intrigue qui met en place une relation empreinte de respect mutuel, de silence éloquent, de paroles sobres, de cette complicité naissante qui va prendre de l'ampleur entre François, vieux solitaire endurci et Elsa la belle inconnue au sombre passé. Chacun a des secrets, des blessures et chacun les préserve comme si le silence était un refuge, un cocon. Elsa va chercher la paix, un modeste réconfort au centre équestre, François, lui n'attend rien mais parfois il espère. Ainsi la première partie du roman nous plonge dans une ambiance mystérieuse, car le lecteur assiste impuissant à l'évolution d'une relation solennelle, sincère, atypique. On sent bien que ceci va se muer progressivement en romance mais on ne s'attend pas à la suite. On a envie de connaître le secret d'Elsa, on pense à un drame mais en même temps l'écriture de Laure Manel nous incite à savourer les paysages pleins de quiétude de la Bretagne, cette atmosphère sereine qui invite les coeurs à se révéler. La seconde partie du roman s'emballe et devient lourde d'émotions... le passé est révélé, cruel, injuste, voire intolérable et malsain. Je ne m'attendais pas à ça mais en même temps c'était parfait, émouvant, bouleversant, tout en tension, en sentiments refoulés qui éclatent, car on ne peut contenir l'amour.
J'ai beaucoup aimé le rythme lent, introspectif et intimiste de La délicatesse du homard. J'ai appris à aimer et à faire confiance aux personnages et surtout quelle magnifique fin. Un beau roman à lire cet été pour ses paysages salvateurs, son héros masculin plein de bonté et cette relation si spéciale, capable de guérir sinon d'atténuer la tristesse du passé...