Editions Michel Lafon
Traduit de l'anglais par Sébastien Baert
Mai 2018
396 pages
16,95 euros
Young Adult dès 14 ans
Thèmes : Famille, Origine, Amour
Quatrième de couverture : Nous poursuivons tous quelque chose…
Dans les années 1990, pour Marilyn, 17 ans, c’est la liberté. Enfermée dans les rêves de célébrité de sa mère qui l’entraîne d’auditions en castings, elle ne revit que lorsqu’elle retrouve le beau et insaisissable James. Mais les regards que certains portent sur la couleur de peau de James ne risquent-ils pas de détruire leur amour naissant ?
De nos jours, pour Angie, 17 ans, c’est la vérité. Alors que le monde semble s’être arrêté de tourner pour sa mère, Marilyn, la jeune métisse est prête à tout pour retrouver James, ce père qu’on lui a toujours caché. Embarquée par son ex-petit ami Sam, Angie fuit sa ville de province et plonge dans les rues bruyantes et colorées de Los Angeles, à la recherche d’un passé trop longtemps maintenu dans l’ombre.
J'avais bien aimé Love letters to the dead et j'avais été saisi par la poésie de l'auteure, par ses mots sensibles et le charme d'une lecture émouvante. Sans être particulièrement bouleversant, j'ai retrouvé cette écriture à la fois douce-amère, avec un sentiment étrange d'un spleen, celui d'un bonheur perdu. Nous allons suivre trois femmes : Sylvie qui pousse sa fille Marilyn dans les années 90 à devenir mannequin puis actrice alors que la jeune fille, à 17 ans se consacre entièrement à ses études et à son envie de devenir photographe. Elle va rencontrer James, perturbant, taciturne, aussi beau que distant. Marilyn va tomber sous son charme mais aura du mal à le cerner... De nos jours, Angela, 17 ans, quant à elle, est aussi sérieuse que sa mère à son âge. Peut-être le poids de la mort de son père, dont le deuil pèse lourd dans l'équilibre relationnel entre la mère et sa fille. Elle tombe par hasard sur une photographie de son père qui va la conduire à Los Angeles à la recherche d'un passé qu'on lui a maintenu secret...
J'ai beaucoup aimé la manière dont Ava Dellaira croise l'histoire et le destin de la mère et de sa fille, en ciblant une période charnière de l'adolescence : 17 ans. Je trouve ce procédé original et on s'aperçoit que si il y a une fracture entre la mère et sa fille, force est de constater qu'à 17 ans, les aspirations étaient communes. C'est l'âge où l'on se cherche, où l'on se construit, où l'on devient femme et où l'on fait des choix importants pour son avenir, tant sur le plan des études que sur le plan affectif. Tout cet aspect est raconté avec justesse et finesse. S'engager ou pas dans une relation, s'opposer ou pas aux rêves de sa mère. Pour les deux jeunes femmes, Marilyn ou Angie, c'est l'heure de la quête identitaire et de la quête de la vérité.
Une
très belle histoire que j'ai pris plaisir à suivre et à aimer. Des
personnages forts et attachants, des destins brisés et une histoire
croisée, brillamment menée. Ava Dellaira met bien en avant les enjeux et l'importance des 17 ans : l'âge de tous les possibles, du premier amour, des drames et aussi la
quête identitaire, aussi essentielle que salutaire.
Comme je le disais c'est doux-amer, terriblement mélancolique, d'une justesse émotionnelle concernant les thèmes de la famille, du deuil, du racisme, sous la chaleur écrasante de ces étés où tout change, où l'on grandit plus vite que prévu et où l'on perd son insouciance. J'ai aimé le ton nostalgique et intense de ces tranches de vies qui pour certaines se brisent sous le coup du destin. Jusqu'au bout je pressentais le drame mais je vous avoue qu'il est poignant et injuste. Pourtant on ressort de ce roman, avec une sérénité qui nous imprègne, comme si le parcours était sur la bonne voie, comme si tout était dit, avec la sensation touchante que les choses ne peuvent que s'améliorer. Une auteure à suivre et une lecture "intelligente" à emmener sur la plage ou en vacances.