Michel Lafon
Traduit de l'anglais par Isabelle Troin
Mai 2016
378 pages
15,95 euros
Roman ados dès 14 ans
Thèmes : Apparence, Obésité, Acceptation
Résumé de l'éditeur : Willowdean ne s'est jamais préoccupée de son corps. Oui, elle est ronde, et alors ? Comme elle le dit toujours, un corps parfait pour la plage, c'est son corps dans un bikini, pas besoin d'être super slim pour s'assumer. Jusqu'au jour où elle se retrouve à travailler au fast-food du coin et qu'elle rencontre Bo, qui porte un peu trop bien son nom. Et autant Will n'est pas du tout surprise de le trouver attirant, autant elle est sous le choc lorsqu'il lui vole un baiser. Mais au lieu de se sentir pousser des ailes, Will commence à douter. Comment peut-il l'aimer quand le monde entier dit que les filles comme elle doivent être cantonnées aux seconds rôles ? Peut-être ne s'assume-t-elle pas tant que ça au final ? Un seul moyen de retrouver confiance en elle : faire la chose la plus inimaginable qui soit… s'inscrire au concours de beauté local présidé par sa propre mère, ex-miss au corps filiforme. Entraînant dans son sillage tout un groupe de candidates faites pour tout sauf défiler, Will va montrer au monde, et surtout à elle-même, qu'elle aussi a sa place sous les projecteurs.
Ce roman je rêvais de le lire depuis sa sortie aux USA. Il faut dire qu'étant moi-même ronde et ayant souffert toute ma jeunesse de mon poids, j'allais forcément être sensible à l'histoire de Willowdean Dickson, adolescente originaire de Clover City, une petite ville américaine et qui décide d'envoyer balader les corps bien pensant en s'inscrivant à un concours de miss. La première chose que j'ai aimé chez elle c'est sa franchise, sa sincérité à fleur de peau et sa vision des choses qui est d'une sagesse et d'une maturité exemplaire. Willowdean est ronde mais jusqu'à présent elle assumait ses formes, osait porter ce qu'elle voulait et tentait de ne pas être atteinte par les regards en coin des camarades ou de son entourage. J'ai adoré sa relation avec sa mère, parfois conflictuelle mais elle osait dire ce qu'elle pensait tout haut, au risque d'en gêner quelques uns. Willowdean est donc attachante pour son côté intelligent et "rentre dedans" qui montre en apparence qu'elle s'accepte telle qu'elle est. Jusqu'au jour où elle rencontre Bo, qui va s'intéresser à elle. Jusqu'au jour où, ayant assez des carcans et des politiquement corrects, elle décide de s'inscrire au concours de beauté Miss Lupin Junior, dirigé par sa mère, ancienne miss.
« Le mot « grosse » met les gens mal à l’aise. Mais quand vous
me voyez, la première chose que vous remarquez, c’est le volume de mon
corps, de la même façon que la première chose que je remarque chez
certaines filles c’est qu’elles ont de gros seins, des cheveux brillants
ou des genoux cagneux. Et tous ces trucs-là, on peut les dire. Mais
« grosse », le mot qui me désigne le mieux, fait grimacer les gens et
les fait pâlir.
Pourtant, c’est ce que je suis : grosse. Ce n’est pas un mot vulgaire, et encore moins une insulte. Du moins, pas quand c’est moi qui le dis. Alors, tant qu’à faire, pourquoi ne pas commencer par là, histoire de passer rapidement à autre chose ? »
Pourtant, c’est ce que je suis : grosse. Ce n’est pas un mot vulgaire, et encore moins une insulte. Du moins, pas quand c’est moi qui le dis. Alors, tant qu’à faire, pourquoi ne pas commencer par là, histoire de passer rapidement à autre chose ? »
L'intrigue promettait d'être forte surtout que j'ai détesté cette mère qui rappelle sans arrêt et de manière peu subtile à quel point sa fille est grosse. Le problème étant que c'est elle que ça gêne, plus que sa fille. Puis Bo vient bouleverser la donne. Comment un garçon, super craquant peut-il l'aimer, peut-il la trouver belle ? Comment laisser quelqu'un nous aimer lorsqu'on n'aime pas son corps ? Ca démarrait bien, malgré quelques clichés et personnages caricaturaux, j'appréciais l'héroïne. Puis surtout, ce qui a motivé ma lecture c'était l'arrivée du concours et comment tout ça allait évoluer. J'ai été très déçue qu'au final, le concours tient sur à peine 100 pages et que toute la majeure partie du roman est centré sur les peines de coeur, les doutes de Willowdean. L'auteur n'évite pas quelques facilités avec un triangle amoureux (absolument inutile) et une dispute d'amitié avec la meilleure amie. J'aurais aimé que Miss Dumplin apporte des clés aux adolescentes en surpoids, pour les aider à affronter le regard des autres. Au lieu de ça, Miss Dumplin nous vend un "faux" concours de beauté, prétexte pour évoquer et introduire le sujet du surpoids. On doit pourtant lui admettre une qualité d'écriture, certes simple mais ponctuée d'ironie, de vérités qu'on préfère taire, d'humour et de légèreté.
Pour conclure, mon avis est partagé. Je m'attendais à mieux, je m'attendais à un coup de coeur. Si j'ai aimé le personnage de Willowdean, je n'ai pas été totalement conquise par ce fameux concours qui aurait du tenir une place plus importante dans le roman car l'idée était originale. Les thèmes du surpoids, de l'acceptation et de l'estime de soi sont traités, certes, mais avec moins de profondeur que je ne l'avais cru. Une lecture agréable donc, mais pas inoubliable.